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Le piano poète de Martin Helmchen Paris
Philharmonie 1
10/14/2015 - et 15 octobre 2015
Jörg Widmann : Con brio
Robert Schumann : Concerto pour piano, opus 54
Piotr Ilyitch Tchaïkovski : Roméo et Juliette
Zoltán Kodály : Danses de Galánta
Martin Helmchen (piano)
Orchestre de Paris, Lionel Bringuier (direction)
M. Helmchen (© Giorgia Bertazzi)
Baptême du feu pour Lionel Bringuier à la tête de l’Orchestre de Paris. Au début, la direction acérée, svelte et cambrée fait mouche : l’Ouverture de concert Con brio, que Jörg Widmann veut « Hommage à Ludwig van Beethoven », surtout celui de la Septième et de la Huitième Symphonie, renoue bien avec la tradition d’un genre festif et volontiers virtuose. Révélée en France par le même orchestre et Christoph von Dohnányi en 2010, la partition brille de tous les effets dont le compositeur clarinettiste se montre prodigue, le chef soulignant notamment la « fureur rythmique » qu’il emprunte au maître de Bonn.
Les autres œuvres laissent plus sceptique, surtout Roméo et Juliette de Tchaïkovski. On se demande si le jeune et surdoué Français – à vingt-neuf ans seulement, déjà chef de la Tonhalle de Zurich – est en phase avec l’orchestre comme il l’est, par exemple, avec le Philhar’. L’Ouverture-Fantaisie, en tout cas, malgré l’exaltation cyclothymique des contrastes, semble un peu décousue, pas assez aboutie, avec des cordes aiguës qu’il n’a pas assez fait travailler. Si le geste est sûr, il n’est pas narratif, ce qui vide un peu la partition de sa substance. Les Danses de Galánta convainquent davantage, mieux servies par cette baguette impeccable, imperturbable aussi, qui devrait s’abandonner davantage à cette musique à la générosité débordante – apanage, peut-être, d’une grande tradition hongroise. Mais pour la netteté des contours, la crudité des couleurs, la verve rythmique, Lionel Bringuier a bien mérité de Kodály.
C’est pourtant le Concerto de Schumann qu’on garde en mémoire – même si l’orchestre ne joue pas dans le même esprit. Physique et chevelure à la... Chopin, Martin Helmchen le veut d’une fraîcheur juvénile, prenant le contrepied d’une tradition plus fougueuse et plus conquérante. La précision des doigts va de pair avec une grande subtilité de couleurs, comme si le pianiste, plus Eusebius que Florestan, visait d’abord la poésie – qui surgit dès l’exposition initiale du thème principal. La subtilité, pour autant, ne vire jamais à la fadeur, préservant, par exemple, la vivacité des élans du Finale. En bis, « L’Oiseau prophète » : une vision fugitive aux sonorités scriabiniennes. « Oiseau prophète », piano poète.
Le site de Martin Helmchen
Didier van Moere
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