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Les funérailles d’un héros

Paris
Philharmonie 1
10/07/2015 -  et 8 octobre 2015
César Franck : Le Chasseur maudit
Franz Liszt : Concerto pour piano n° 1
Gabriel Pierné : Konzertstück pour harpe, opus 39
Gustav Mahler : Totenfeier

Bernard Chamayou (piano), Xavier de Maistre (harpe)
Orchestre de Paris, James Gaffigan (direction)


J. Gaffigan (© Margaretta K. Mitchell)


Ce n’est pas un inconnu pour nous: principal chef invité du Gürzenich de Cologne, l’Américain James Gaffigan a déjà dirigé l’Orchestre de Paris en février 2014 – il a également donné un concert américain avec le National en février dernier. Il vient de retrouver le premier à la Philharmonie, pour des œuvres peu fréquentées – seul le Concerto en mi bémol de Liszt se trouve régulièrement à l’affiche – où la musique française se taillait une belle part. Mais Le Chasseur maudit laisse sceptique, au début, par l’épaisseur de la pâte, le manque de définition des plans sonores. Il faut attendre l’infernale chevauchée pour sentir une énergie, une poigne même, alors qu’on souhaite toujours des couleurs et des lignes plus claires, qui surgissent heureusement vers la fin, dans l’urgence panique du sabbat.


Le Premier Concerto de Liszt parie ensuite sur un romantisme euphorique et flamboyant, avec un Bernard Chamayou assez inégal – plus heureux cependant que dans le Premier Concerto de Mendelssohn entendu in loco la saison passée. Sans être absolument infaillible, la technique est solide, souvent brillante. Mais la fougue de l’Allegro maestoso et la poésie Adagio pâtissent d’une certaine monochromie. C’est le Scherzo qui libère à la fois la palette et l’imagination du pianiste, comme le caracolant final. La transcription du Auf dem Wasser zu singen de Schubert, en revanche, sans doute victime de la rapidité du tempo, met la main droite à la peine.


Faut-il regretter que Penderecki n’ait pu achever son Concerto pour harpe pour Xavier de Maistre? On est tellement heureux d’entendre le rare Konzertstück de Pierné, où la harpe raffinée mais sans élan du Français se perd parfois dans l’orchestre – le chef, il est vrai, dirige la partition comme un poème symphonique avec soliste plutôt que comme un morceau de concert.


Pour le Totenfeier mahlérien, première mouture de l’Allegro maestoso initial de la Deuxième Symphonie, évidemment délaissé au profit de celui-ci, James Gaffigan donne toute sa mesure, lui qui a dirigé la «Résurrection» à Saint-Denis en juin 2014, à la tête du National. Ces funérailles d’un héros imaginaire, peut-être le Gustav des Aïeux d’Adam Mickiewicz, l’inspirent visiblement, les musiciens aussi, alors qu’ils ne l’ont jamais joué: la conduite du discours, avec des enchaînements parfaitement assumés, la maîtrise de la masse, avec un bel équilibre entre les pupitres, le caractère épique de la vision, avec un maintien de la tension, le refus de l’emphase aussi, tout dénote ici la patte d’un vrai chef.


Le site de James Gaffigan
Le site de Xavier de Maistre



Didier van Moere

 

 

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