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Une Manon bien caractérisée

Marseille
Opéra
09/29/2015 -  et 2, 4*, 7 octobre 2015
Jules Massenet : Manon
Patrizia Ciofi (Manon Lescaut), Jennifer Michel (Poussette), Antoinette Dennefeld (Javotte), Jeanne-Marie Lévy (Rosette), Laurence Stevaux (Une servante), Brigitte Hernandez (la vieille dame), Sébastien Guèze (Le chevalier des Grieux), Etienne Dupuis (Lescaut), Nicolas Cavallier (Le comte des Grieux), Christophe Gay (De Brétigny), Rodolphe Brilland (Guillot de Morfontaine), Patrick Delcour (L’hôtelier), Antoine Bonelli (Le portier), Cédric Brignone (Un marchand, Un joueur), Wilfried Tissot (Un soldat), Laurent Blanchard (Un sergent), Jean-Michel Muscat (Un voyageur, Un archer), Rémy Chiorboli (Un porteur, Un deuxième joueur), Compagnie Julien Lestel
Chœur de l’Opéra de Marseille, Emmanuel Trenque (chef des chœurs), Orchestre de l’Opéra de Marseille Alexander Joël (direction musicale)
Renée Auphan, Yves Coudray (mise en scène), Jacques Gabel (décors), Katia Duflot (costumes), Robert Venturi (lumières), Julien Lestel (chorégraphie)


(© Christian Dresse)


A rebours de la concentration de nouveauté, de modernité autoproclamée – et de budget – en vigueur pour l’ouverture de saison, moment privilégié où les projecteurs se tournent vers une maison d’opéra, celle de Marseille réaffirme sa confiance dans la classique et éprouvée production de Manon due à Renée Alphan et Yves Coudray. Si l’intention explicite de respecter le dix-huitième siècle où s’abreuve l’intrigue de l’ouvrage de Massenet inspiré par le roman de l’abbé Prévost se reconnaît dans les costumes, réalisés par Katia Duflot, la servilité ne va pas jusqu’aux tissus et cuirs d’époque, et, en un sens, fonctionne en consonance avec le subtil pastiche stylistique nourrissant le canevas de la partition, quand les lumières de Robert Venturi compensent la décantation parfois excessive du Cours-la-Reine et ses frondaisons en ombres soutenues par des grillages. On mentionnera la tourbillonnante énergie de la chorégraphie de Julien Lestel dans l’invitation de l’Opéra par Guillot pour impressionner Manon en sa faveur.


La mise en scène présente surtout l’essentielle qualité de servir d’écrin aux caractérisations des personnages. Le couple d’amants infortunés retient naturellement l’attention. Défiant l’écart entre son âge et celui de l’héroïne éponyme, Patrizia Ciofi en fait palpiter une juvénilité versatile et émouvante, de la naïveté un peu timide de son «premier voyage» au dénuement final qu’elle livre avec une belle économie d’effets, en passant les tourments de la séductrice – le guet des confidences du père du futur abbé Des Grieux témoigne d’un habile jeu théâtral dont les potentialités ne sont peut-être pas suffisamment développées lors des retrouvailles à Saint-Sulpice. En Chevalier, Sébastien Guèze ne se limite à l’impulsivité et détaille dans l’évocation de la retraité rêvée au deuxième acte d’admirables nuances mezza voce, tandis qu’il essaie des solutions expressives au cours de son solo avant son prêche ou à l’hôtel de Transylvanie qui s’écartent de la joliesse où d’autres confinent le rôle.


En paternel comte Des Grieux, Nicolas Cavallier se confirme comme l’une des plus sûres basses de la scène française, avec un legato accompli et ne forçant jamais l’autorité naturelle de la projection. Signe des vertus du spectacle, Christophe Gay possède une latitude certaine pour enrichir le personnage de Brétigny, qui gagne ainsi en crédibilité et en épaisseur. Le Guillot de Morfontaine incarné par Rodolphe Briand évite la caricature de cruauté et fait valoir, au-delà du comique aux conséquentes dramatiques, une relative sincérité dans les sentiments du vieil homme. Patrick Delcour affirme un savoureux Hôtelier, quand on goûtera le trio de demoiselles escortant Manon: la pimpante Poussette de Jennifer Michel, Antoinette Dennefeld, séduisante en Javotte et la maturité de Jeanne-Marie Lévy en Rosette.


Outre les chœurs préparés par Emmanuel Trenque, on saluera la direction souple d’Alexander Joël, qui aide efficacement à la fluidité des enchaînements, et partant, à l’élégance idiomatique de la partition.



Gilles Charlassier

 

 

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