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La Polonaise héroïque Paris Maison de la radio 10/02/2015 - Richard Wagner : Parsifal: Prélude de l’acte I
Einojuhani Rautavaara : Angels and Visitations
Gustav Holst : The Planets, opus 32, H. 125 Chœur de Radio France, Sébastien Boin (chef de chœur), Orchestre philharmonique de Radio France, Marzena Diakun (direction)
M. Diakun (© Tamzin B. Smith)
A Bordeaux, le chef assistant de l’ONBA remplace Alain Lombard dans deux représentations de Don Carlo. A Radio France, l’assistante de Mikko Frank dirige le Philhar’ au pied levé. C’est la semaine des jeunes baguettes, que l’on se réjouit de découvrir : l’un et l’autre ont un sacré talent !
Si l’orchestre reste approximatif dans le Prélude de Parsifal, si la direction de Marzena Diakun semble parfois un peu décousue, on apprécie l’ampleur de la respiration, plus encore l’intensité doloriste de la lecture également, comme si toute la souffrance d’Amfortas s’exprimait ici.
Angels and Visiations, de Rautavaara, dédié à Mikko Franck et créé en 1978, ressuscite les cauchemars de l’enfance. Sonorités diaphanes ou sauvages, brusques ruptures, mélange de tonalité, de modalité et d’atonalité, avec des réminiscences du Sacre stravinskien, des crescendos et chorals de cuivres à la Sibelius : pour révéler son unité, l’œuvre appelle une baguette très aguerrie. La jeune Polonaise, physique de Chérubin des Noces de Figaro, montre une maîtrise étonnante, réussissant pendant vingt minutes à préserver la continuité du flux musical et l’équilibre des plans sonores.
Il faut ensuite de la poigne pour les flamboyantes Planètes de Holst – accompagnées d’images sans doute fascinantes de la Nasa, mais qui transforment la partition en musique de film... on ne vous cachera pas qu’on a préféré regarder l’orchestre. De la poigne, Marzena Diakun n’en manque pas, restituant à chaque Planète son atmosphère propre sans friser le chromo sonore: «Mars» a des accents épiques, «Mercure» garde ses ailes, «Jupiter» exulte, «Saturne» plonge au cœur du mystère, «Neptune» ressemble à une musique des sphères. Le geste est d’une impeccable sûreté, les sonorités jamais noyées, les couleurs rutilantes ou vaporeuses. A peine pourrait-on regretter, ici ou là, une légère sécheresse dans la précision très analytique de la lecture.
Marzena Diakun (née en 1981) a étudié à Wroclaw, à Vienne, a été l’assistante de Jerzy Maksymiuk et Andrey Boreyko. A peine vient-elle de prendre son poste au Philhar’ que la défection de Mikko Franck la lance dans l’arène. Une Polonaise... héroïque. Une graine de chef, surtout.
Le site de Marzena Diakun
Didier van Moere
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