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Extase chorale Paris Montmorency (Collégiale Saint-Martin) 09/26/2015 - et 27 septembre 2015 (Etampes) Jean Sibelius : Six Chants pour chœur d’hommes, opus 18 – Rakastava – Isänmaalle – Humoreski, opus 108 n° 1, opus 14
Juuso Vanonen: Runo
Toivo Kuula : Kullervon laulu, opus 4 n° 7 – Nuijamiesten marssi, opus 28 n° 4 – Virta venhettä vie, opus 4 n° 5
Selim Palmgren : Muut kuuli kirkonkellon – Hiidenorjien laulu – Darthulas gravsång
Einojuhani Rautavaara : Legenda – Le Bain – Homage to an Old Composer Ylioppilaskunnan Laulajat, Pasi Hyökki (direction)
La venue pour un programme a cappella du Chœur YL (pour Ylioppillaskunnan Laujajat, soit «chanteurs de la confrérie des étudiants»), fondé en 1883 à l’Université d’Helsinki, était certainement un des événements du festival d’Ile-de France. Entendre ce chœur amateur, de réputation internationale et exclusivement composé d’hommes, s’annonçait passionnant. Le résultat fut tout simplement exceptionnel et de niveau professionnel.
Ces quarante chanteurs de tous âges, certains continuant de chanter une fois leur études terminées, et qui chantent presque tout de mémoire, ont fait une éclatante démonstration d’art choral au plus haut niveau. Dès les quatre premières pièces de l’Opus 18 de Sibelius, l’impact sonore, l’intonation constamment parfaite et la beauté des timbres apparaissaient évidentes. Il s’y ajoutait également une polyphonie constamment audible, y compris dans les pièces à plus de quatre voix, des nuances toujours idoines et un rare sens du collectif qui rend compte d’une homogénéité totale, l’individu laissant la place au groupe, une constante dans tous les grands chœurs.
Dans la pièce composée par Juuso Vanonen, ténor du chœur, la rigueur rythmique et le sens de la construction apparaissaient comme d’autres qualités intrinsèques à un ensemble décidément peu commun. Dans Kullervon laulu de Kuula, les crescendos et les decrescendos étaient menés avec un sens parfait de leur construction et de la ligne. Le Rakastava de Sibelius qui terminait la première partie permettait aussi d’entendre des basses très profondes dont les riches harmoniques irradiaient vers toutes les autres voix et dans toute l’abbatiale.
(© Karoliina Barlund)
La seconde partie comprenait également des œuvres de Sibelius, Palmgren et Kuula mais aussi trois œuvres d’Einojuhani Rautavaara. Parmi celles-ci, une pièce en français, Le Bain d’après José-Maria de Heredia, et un hommage récemment composé pour les cent cinquante ans de Sibelius, intitulé Homage to an Old Composer. Dans ces œuvres magnifiques et complexes, le Chœur YL démontrait une fois de plus son excellence. Tout y était – la justesse, la précision et les nuances: du très grand art choral.
Pasi Hyökki, qui a succédé en 2010 à la tête de cet ensemble à son père Matti Hyökki, dirige avec expertise, humilité et enthousiasme un chœur qui répond à la moindre de ses inflexions. Il n’hésite d’ailleurs pas à mimer les paroles, voire à chanter lui-même. A l’issue du concert les chanteurs se répartissaient dans l’abbatiale pour une ultime pièce, Finlandia dans l’arrangement de Sibelius pour chœur a cappella sur un texte de V. A. Koskenniemi. Un grand moment d’émotion qui a fini de séduire un public définitivement conquis.
Cet art choral au plus haut niveau fait vraiment honneur à la tradition chorale finlandaise. On devrait imposer à tous les apprentis chefs de chœur français un détour prolongé par la Finlande...
Gilles Lesur
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