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Musique au musée Paris Musée d’Orsay 09/24/2015 - et 3, 10, 15 octobre 2015 «Café Polisson»
Chansons de Léon Xanrof, Paul De Kock, Jules Jouy, Aristide Bruant, Vincent Scotto, Maurice Rollinat, Maurice Boukay, Gustave Nadaud, Jean Delettre, Roger Lucchesi, Yvette Guilbert... et quelques chansons populaires Nathalie Joly (chant et conception), Jean-Pierre Gesbert (piano), Louise Jallu (bandonéon), Bénédicte Charpiat (danse)
Jacques Verzier (mise en scène), Jean-Jacques Gernolle (scénographie), Maité Goblet (peinture), Claire Risterucci et Carmen Bagoe (costumes)
N. Joly (© Sophie Boegly/Musée d’Orsay)
Quelle bonne idée a eu le service d’animation culturelle du Musée d’Orsay de programmer dans son confortable auditorium, en marge de l’exposition «Splendeurs et misères. Images de la prostitution 1850-1910», un spectacle musical de qualité illustrant parfaitement le propos de ce que l’on peut voir un étage plus haut! Superbement mise en espace par Robert Carsen, l’exposition, un panorama majeur de ce que l’on peut réunir comme tableaux, documents, matériel photographique et cinématographique sur un sujet certes vieux comme le monde mais ayant marqué profondément la vie sociale et culturelle du XIXe siècle, qui est celui de prédilection du Musée d’Orsay, se devait d’avoir se prolongement auditif qui passe par les chansons qui ont proliféré dans le répertoire des chanteurs, diseurs et chansonniers du début du XXe siècle. En fermant les maisons closes en 1946, Marthe Richard n’a certainement pas clos tout un chapitre de l’histoire de la chanson et du music-hall qui s’est développé autour de ce sujet pour le moins scabreux et délicat à aborder.
Très judicieux sont les choix de la chanteuse Nathalie Joly, qui a conçu le spectacle et le mène avec une assurance, un chic, un art de la chanson et la gouaille des grandes diseuses qui laissent admiratifs. Le répertoire d’Yvette Guilbert se taille la part du lion avec des tubes comme Madame Arthur, La Buveuse d’absinthe, L’Eloge des vieux et la fameuse Partie carrée entre les Boudins et les Boutons, avec laquelle elle termine un tour de chant magistral. Aristide Bruant, Vincent Scotto, Léon Xanrof sont aussi au programme ainsi que d’édifiantes lectures sur les tarifs de prostitution la plus basse, tarifée au sou près, loin de celle du haut de l’échelle, de ces «grandes horizontales» qui pouvaient faire des fortunes selon la générosité de leurs bienfaiteurs. Avec ses trois acolytes, le pianiste Jean-Pierre Gesbert, qui se taille un franc succès avec peut être la plus grivoise chanson de ce florilège, La Raie de Dranem, et Louise Jallu qui l’accompagne au bandonéon et montre aussi qu’elle n’est pas en peine de chanter, une danseuse, Bénédicte Charpiat, et l’intervention de Jacques Verzier et de Jean-Jacques Gernolle, qui ont mis en scène et créé le très étonnant décor de ce réjouissant spectacle qui reconstitue l’ambiance des bordels et du café concert avec un goût parfait, elle offre dans de somptueux costumes signés Claire Risterucci et Carmen Bagoe un des plus piquants divertissements que l’on puisse voir actuellement dans la capitale.
Des opéras filmés évoquant le sujet (Manon, Carmen, La Traviata, La Périchole), un récital d’Annick Massis, des concerts de chansonniers, des concerts à l’heure du déjeuner, des films sont également programmés autour de cette exposition, la troisième présentée à Orsay après «Le Nu masculin» et «Sade» sur des sujets de société depuis que Guy Cogeval en a pris la présidence, et qui sera présentée au Musée Van Gogh d’Amsterdam en 2016.
Olivier Brunel
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