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Parcours initiatique

Paris
Maison des Arts de Créteil
03/09/2001 -  et 10, 11 mars 2001
Angelin Preljocaj : Helikopter, MC 14/22 (créations)
Ballet Preljocaj


Il fallait oser s'attaquer à l'Helikopter Quartet de Stockhausen, l'une des pièces à priori les plus anti-chorégraphiques qu'il soit : l'agressivité des sifflements des pales d'hélicoptère, les grincements stridents effacent tout tempo, tout fil conducteur logique. Rien ne semblait pouvoir porter la danse. Preljocaj s'en sort pourtant en jouant sur les contrastes. Il oppose à l'agressivité musicale, la fluidité des mouvements: les corps se mêlent, se confondent, se délient, puis se mélangent à nouveau. Et à la saturation musicale répond la saturation des gestes, mais aussi la confusion visuelle de la scène, envahie de projections géométriques et d'effets d'optique. La pièce reste toute en contrastes jusqu'à la dernière minute où le silence s'impose finalement. Ne reste plus sur scène qu'un seul danseur avec des gestes souples, ronds, élastiques, sur un plateau où les projections se figent en lignes droites.


Angelin Preljocaj n'en est pas à son premier essai de mise en chorégraphie des textes sacrés qu'il avait déjà abordé au travers de son Annonciation. Ici, l'Evangile selon saint Marc, verset 14/22 : “Prenez et mangez-en tous, ceci est mon corps” sert de point de départ. C' est tout autour qu'il construit MC 14/22. Le corps subit un parcours initiatique, d'abord purifié par l'eau, fortifié par le combat et élevé par un rite sacré où il se jette dans le vide seulement rattrapé par les hommes de son clan. Des scènes de torture dans lesquelles le corps est contraint, (coups dans le ventre, bandes de scotch qui enchaînent ses membres), provoquent un malaise par la dérision - celle du bourreau - qu'elles contiennent. Sorte de deuxième volet d'un diptyque entamé avec Casanova où il s'était intéressé à la faiblesse du corps malade, il se tourne ici vers son enveloppe charnelle, sa plasticité et sa force et sa sacralité.




Anne Laure Carrega

 

 

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