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Lucerne à la croisée des chemins

Lucerne
Centre de la Culture et des Congrès
09/07/2015 -  et 5 septembre 2015 (Bucuresti)
Richard Strauss : Vier letzte Lieder – Malven (orchestration Wolfgang Rihm) – Eine Alpensinfonie, opus 64
Anja Harteros (soprano)
Sächsische Staatskapelle Dresden, Christian Thielemann (direction musicale)


(© Matthias Creutziger)


Lucerne est à la croisée des chemins. Le décès de Claudio Abbado en janvier 2014 – même s’il n’est pas survenu de façon brutale et inattendue – a laissé un vide immense dans la petite cité helvétique, où le maestro italien avait redonné vie en 2003 à l’Orchestre du Festival (une formation créée par Toscanini en 1938), avec lequel il a, dix ans durant, donné des concerts mémorables, qui resteront dans toutes les mémoires et qui, pour la plupart, ont été fort heureusement immortalisés en DVD ou sur CD. L’été dernier, Andris Nelsons avait accepté de reprendre le flambeau au pied levé, gardant pratiquement tels quels les programmes conçus par Abbado. Le nom du nouveau directeur musical de Lucerne aurait dû initialement être annoncé en novembre de l’année dernière et tous, ou presque, tenaient pour acquise la nomination du jeune chef letton. Apparemment, les choses ne se sont pas passées comme prévu puisque le successeur d’Abbado n’a été dévoilé qu’il y a un mois à peine, et, surprise, il ne s’agit pas d’Andris Nelsons mais de Riccardo Chailly, qui prendra ses fonctions à l’été 2016. Né à Milan, directeur musical désigné de la Scala, Chailly partage plusieurs points communs avec Abbado, dont il avait d’ailleurs été l’assistant à la Scala, à l’âge de 18 ans. Il s’est aussi régulièrement produit à Lucerne depuis 1988, soit avec l’Orchestre royal du Concertgebouw d’Amsterdam, soit avec le l’Orchestre du Gewandhaus de Leipzig. Un Gewandhausorchester, soit dit en passant, dont il vient d’annoncer sa démission du poste de directeur musical pour l’an prochain, et où il sera remplacé par... Andris Nelsons ! C’est ce qu’on appelle le jeu des chaises musicales... L’été 2016 verra un autre changement important à Lucerne, puisque c’est le compositeur Wolfgang Rihm qui succédera à Pierre Boulez à la tête de l’Académie du Festival, où il sera secondé par Matthias Pintscher.


L’un des événements les plus attendus de l’édition 2015 du Festival de Lucerne aura été la venue de la Staatskapelle de Dresde, sous la direction de Christian Thielemann et avec Anja Harteros comme soliste. Le premier des deux concerts lucernois de la formation allemande était entièrement consacré à Richard Strauss. Voix ample et voluptueuse, timbre sombre, souffle long, à son aise aussi bien dans l’intériorité que dans l’exubérance, Anja Harteros est l’interprète idéale des Quatre derniers Lieder du compositeur bavarois, qui magnifient la mélancolie et la nostalgie. En très grande forme, elle a donné l’impression de s’élever en majesté au-dessus l’orchestre, qui lui déroulait un tapis soyeux. A noter que les Quatre derniers Lieder ont été complétés par un cinquième titre, Malven (Roses trémières), qui serait la toute dernière composition que Strauss aurait menée à terme, en 1948 à Montreux. L’auteur a dédié cette œuvre pour piano à Maria Jeritza, une de ses interprètes fétiches, laquelle l’a gardée précieusement jusqu’à sa mort, en en niant même l’existence (Strauss n’en avait conservé, pour sa part, aucune copie...). Ce n’est qu’en 1985 que la partition a été chantée pour la première fois, par Kiri Te Kanawa à New York. En 2013, Wolgang Rihm en a réalisé une version pour orchestre. C’est cette dernière version qui a été interprétée par Anja Harteros à Lucerne. Après l’entracte, place à la Symphonie alpestre, une œuvre créée il y a exactement 100 ans, par l’Orchestre de Dresde. De cette partition monumentale, divisée en vingt-deux sections (jouées d’un seul trait), à la limite de la grandiloquence et du kitsch, qui illustre l’ascension d’un randonneur jusqu’au sommet d’un glacier des alpes bavaroises, Thielemann (qui dirigeait par cœur) et sa phalange ont donné une lecture délicate et raffinée, mais aussi spectaculaire dans les grands éclats. Un concert mémorable.



Claudio Poloni

 

 

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