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Mahler en miniature Paris
Auditorium du Musée d’Orsay
11/18/1999 -
Gustav Mahler : Le Chant de la terre
Alison Browner (mezzo-soprano), Steve Davislim (ténor)
Ensemble Contrechamps, Heinz Holliger (direction) La transcription du Chant de la terre de Mahler pour petit ensemble ébauchée par Schönberg ne fut achevée, par Rainer Riehn, qu’en 1992. C’est cette version que nous proposait ce soir l’Ensemble Contrechamps à l’auditorium du Musée d’Orsay.
L’oeuvre devient tout autre dans cette transcription. L’arrangement, très proche de son modèle, et l’interprétation, très fidèle à l’esprit de l’oeuvre, ne sont pas les agents d’une telle transformation. C’est le volume des timbres qui transfigure la partition de Mahler. L’orchestration de Mahler, qui tend vers la masse, vers un fondu des timbres duquel émergent des accents solitaires, aussitôt happés dans le flou, doit ici se couler dans un petit ensemble. Les cordes, qui chez Mahler lient la sonorité, sont ici simple quatuor. Dans cette transcription l’orchestre n’est plus l’instrument pour lequel la partition est écrite. Chaque instrument est une voix solitaire, souvenir de tout un pupitre.
Les brisures de l’écriture en ressortent davantage. Le passage d’une voix à l’autre est moins fluide, la démarche est plus claudiquante. La transcription met à vif la solitude de chacune de voix, il ne s’agit plus d’un jeu entre parties isolées et masse, mais de la difficulté à faire masse – difficulté qui devient drame de l’oeuvre.
La partition est ici bien interprétée, malgré quelques décalages. Instrumentistes et chanteurs assument cette solitude, dans un réel engagement vis à vis de la partition. Les cordes notamment, dont l’effectif soudain réduit rend la tâche difficile face aux vents, furent remarquables de présence musicale, à défaut de présence sonore.
Gaëlle Plasseraud
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