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Un Barbier pas rasoir

Lausanne
Arènes romaines d’Avenches
07/04/2015 -  et 7, 9, 11, 14*, 17 juillet 2015
Gioacchino Rossini : Il barbiere di Siviglia
Yijie Shi (Il conte Almaviva), George Petean (Figaro), Lana Kos (Rosina), Miguel Sola (Bartolo), Ruben Amoretti (Don Basilio), Carine Séchaye (Berta), Fernando Afara (Fiorello), Sylvain Kuntz (Un ufficiale), Yaël Rion (Ambrogio)
Chœur de l’Opéra de Lausanne, Pascal Mayer (préparation), Orchestre de chambre fribourgeois, Nir Kabaretti (direction musicale)
Marco Carniti (mise en scène), Jean-Philippe Guilois (assistant à la mise en scène), Emmanuelle Favre (décors), Amélie Reymond (costumes), Henri Merzeau (lumières)


(© Marc-André Guex)


Après Carmen en 2014, les arènes romaines d’Avenches, bourgade située à quelque 70 kilomètres de Lausanne, ont conservé cette année des airs de Séville, puisque c’est le célèbre Barbier de Rossini qui y est représenté. Dans ce que certains considèrent comme la « Vérone helvétique », un opéra est proposé chaque été depuis 1995. Les conditions météorologiques exécrables de l’an dernier avaient contraint à l’annulation de deux représentations et mis à mal les finances de la manifestation, obligeant les organisateurs à réfléchir à une solution de repli en cas de mauvais temps. Cette année, un grand manège non loin des arènes a été aménagé pour abriter le spectacle si nécessaire. En ce début d’été radieux, une seule représentation du Barbier a été déplacée à l’intérieur, par crainte d’un orage qui, finalement, ne s’est pas abattu sur Avenches. Cependant, malgré une situation météo idéale et une œuvre à l’affiche parmi les plus populaires de tout le répertoire, le nombre de billets vendus risque de ne pas être suffisant pour équilibrer le budget, si bien que le Festival devra vraisemblablement puiser une nouvelle fois dans ses réserves.


La Séville imaginée par le metteur en scène Marco Carniti est composée de petites maisons montées sur pilotis (décors d’Emmanuelle Favre) qui pivotent sur elles-mêmes pour laisser voir leur intérieur stylisé. La « prison » de Rosine est ainsi un village où chacun épie son voisin et où tout se sait instantanément. La production ne souffre d’aucun temps mort et fourmille de gags (l’arrivée de Figaro dans un char bordé de deux ciseaux géants et tiré par des figurants faisant office de chevaux, Basilio emmené par des infirmiers dans une chaise à porteurs...) et d’anachronismes (les téléphones portables et les tablettes utilisés par tous les personnages, des projections vidéo représentant Internet et Google pendant l’air de la calomnie...), ce qui en fait un spectacle populaire au bon sens du terme, idéal dans un cadre comme celui d’Avenches, où une grande majorité du public ne va jamais à l’opéra.


Directeur artistique du Festival d’Avenches depuis 2011, Eric Vigié apporte aux distributions vocales le même soin qu’à Lausanne, où la plupart des interprètes engagés dans les arènes ont déjà chanté. La révélation vocale de la soirée est sans conteste l’impressionnant ténor chinois Yijie Shi en Almaviva, qui fait fi avec insolence des vocalises les plus périlleuses. Quand on a la chance d’avoir un tel artiste dans la distribution, il est dommage de le priver du célèbre air « Cessa di più resistere ». Spécialiste du rôle de Figaro, George Petean incarne un barbier d’une forte présence scénique, drôle et charmeur à la fois, même si son chant n’est pas toujours des plus précis. Dotée d’une belle technique qui lui permet d’offrir au public des prouesses vocales remarquables, Lana Kos séduit surtout par sa voix, alors que scéniquement elle semble confondre le rôle de Rosine, qui est une jeune femme amoureuse, avec celui d’une diva voulant tout régenter autour d’elle. Ruben Amoretti interprète un Basilio particulièrement sonore et donc d’autant plus impressionnant. On mentionnera également le Bartolo comique à souhait de Miguel Sola qui s’amuse à parodier la voix de ses collègues, la truculente Berta de Carine Séchaye ainsi que le fringant Fiorello de Fernando Afara. Seule déception : la lecture plutôt pesante du chef Nir Kabaretti à la tête de l’Orchestre de chambre fribourgeois. L’année prochaine, les arènes d’Avenches vibreront aux accords de Madame Butterfly.



Claudio Poloni

 

 

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