About us / Contact

The Classical Music Network

Versailles

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Drame dans la nuit

Versailles
Château
06/23/2015 -  et 24* juin 2015
Roméo et Juliette
Jean-Christophe Maillot (chorégraphie), Serge Prokofiev (musique)
Ernest Pignon-Ernest (scénographie), Jérôme Kaplan (costumes), Dominique Drillot (lumières)
Les Ballets de Monte-Carlo


(© Marie-Laure Briane)


Le festival de Versailles vient d’inviter un spectacle de danse essentiel, Roméo et Juliette de Jean-Christophe Maillot par Les Ballets de Monte-Carlo. On pouvait craindre que les conditions du plein air n’altèrent cette sublime chorégraphie créée en 1996 pour vingt-neuf danseurs dans un étonnant dispositif scénique du plasticien niçois Ernest Pignon-Ernest et des costumes poétiques de Jérôme Kaplan. Il n’en est rien car, en dépit de minimes inconvénients comme l’inconfort des sièges en gradin, la distance par rapport au spectacle, l’absence de cadre à la scène, la magie du lieu, de la progression de la nuit parallèlement à celle de l’action dramatique et le jeu des très subtils éclairages de Dominique Drillot ont transcendé cette interprétation très inventive du drame shakespearien par Maillot.


Le cadre, c’est celui des jardins de l’Orangerie du Château de Versailles, dans laquelle sont installés la scène et les gradins avec, si l’on ose écrire, comme toile de fond les bâtiments de Jules Hardouin-Mansart et l’arrière du Château. La parfaite et très courtoise organisation mise en place par Les Nuits de l’Orangerie garantissent une soirée dans les meilleures conditions possibles, les spectacles en plein air étant toujours un pari risqué. Il faut bien évidemment passer sur quelques inconvénients, l’assise très inconfortable, la promiscuité entre spectateurs, la sonorisation assez rudimentaire qui aplatit beaucoup la musique. Mais à ce prix on a pu voir un des plus beaux spectacles chorégraphiques des vingt dernières années, qui a fait le tour du monde et qui est aussi frais que s’il avait été créé hier.


Maillot propose son Roméo vu en flash-back par Frère Laurent, complice des amants de Vérone, qui assiste impuissant à son inexorable progression vers la fin tragique que l’on sait. Le dispositif scénique constitué de panneaux blancs mobiles avec quelques éléments noirs de Pignon-Ernest crée aussi bien des espaces oniriques que ceux obligés par la narration: le balcon, la cour, le jardin, le lit et le tombeau. On ne compte pas les trouvailles et les surprises qui émaillent cette chorégraphie qui va à l’essentiel et, maniant une technique quasi cinématographique (perspectives, ralentis, gros plans), mêle habilement la danse classique sur pointe et la fantaisie et une fraîcheur qu’apporte sa lecture intelligente à une intrigue si souvent mise en scène de façon académique.


L’équipe très jeune réunie pour le danser est faite d’individualités très fortes. Noelani Pantastico et Lucien Postlewaite incarnent avec une ingénuité et une intensité exceptionnelles le couple d’amants maudits. Mimoza Koike campe une Lady Capulet anguleuse et la Nourrice de Maude Sabourin est savoureuse à souhait. Formidables aussi le duo formé par les amis de Roméo, Christian Tworzyanski (Mercutio) et Mikio Kato (Benvolio), et Frère Laurent (Alexis Oliveira), flanqué de deux acolytes (Julien Guérin et Daniele Delvecchio) mène le drame avec une grande acuité. L’ensemble de la troupe des Ballets de Monte-Carlo est admirable et donne une très belle unité à ce spectacle neuf comme au premier jour et dont on gage qu’il a encore un bel avenir.



Olivier Brunel

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com