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Fidelio en demi-teinte

Geneva
Grand Théâtre
06/10/2015 -  et 12, 16*, 18, 21, 23, 25 juin 2015
Ludwig van Beethoven : Fidelio, opus 72
Günes Gürle (Don Fernando), Detlef Roth (Don Pizarro), Christian Elsner (Florestan), Elena Pankratova (Leonore), Albert Dohmen (Rocco), Siobhan Stagg (Marzelline), Manuel Günther (Jaquino), José Pazos (Premier prisonnier), Romaric Braun (Second prisonnier)
Chœur du Grand Théâtre de Genève, Alan Woodbridge (préparation), Orchestre de la Suisse Romande, Pinchas Steinberg (direction musicale)
Matthias Hartmann (mise en scène), Raimund Orfeo Voigt (décors), Tina Kloempken (costumes), Tamás Bányai (lumières)


(© GTG/Carole Parodi)


C’est un Fidelio en demi-teinte qui vient clore la saison 2014-2015 du Grand Théâtre de Genève. Une lecture de la partition manquant de souffle, une direction d’acteurs inaboutie et une distribution inégale peinent à rendre pleinement justice à l’unique ouvrage lyrique de Beethoven. Retrouvant pour l’occasion l’Orchestre de la Suisse Romande, dont il a été le chef titulaire de 2002 à 2005, Pinchas Steinberg offre une lecture posée, fluide et précise, une lecture presque chambriste et intimiste, aux subtiles nuances de clair-obscur, qui atteint de très beaux moments, notamment dans l’Ouverture, le quatuor du premier acte et le Finale, mais qui, globalement, pâtit d’un manque de souffle et de tension. La mise en scène ne convainc pas totalement non plus. La première partie de l’opéra se déroule dans une prison high tech aux grandes parois blanches, univers froid et aseptisé surveillé en permanence par des caméras. La seconde – beaucoup plus réussie – nous plonge, en une longue descente absolument saisissante, dans les bas-fonds de la prison, jusqu’à un énorme trou béant, sombre et glauque, où croupit Florestan. L’effet est impressionnant et glaçant, au point de donner aux spectateurs la sensation de souffrir avec le prisonnier. Metteur en scène réputé des théâtres germanophones, Matthias Hartmann ne parvient pas cependant, pour ses débuts à Genève, à clairement caractériser chaque personnage, sa direction d’acteurs se révélant finalement inaboutie. Certes, les idées intéressantes ne manquent pas – comme la tentation s’emparant de Florestan libéré de devenir un nouveau Pizarro avant de se ressaisir subitement – mais le spectacle manque d’inspiration, pour efficace et parfaitement rodé qu’il soit.


Comme souvent au Grand Théâtre, la distribution est inégale. Christian Elsner incarne un Florestan au timbre nasillard et au diapason souvent pris en défaut. Qu’il ne soit pas aisé aujourd’hui d’engager un Florestan d’envergure, on veut bien le croire, mais n’aurait-on pas pu trouver interprète plus adéquat pour Pizarro qu’un Detlef Roth vociférant et aux graves inexistants ? Et pour Don Fernando qu’un Günes Gürle à la voix instable ? Heureusement, on se console avec le magnifique Rocco d’Albert Dohmen, à la voix sonore et chaleureuse et à la présence scénique indéniable, ainsi qu’avec la Marzelline rayonnante et combative de Siobhan Stagg, au beau timbre clair et juvénile. Il convient aussi de relever l’impressionnante Leonore d’Elena Pankratova, à la voix puissante et homogène sur toute la tessiture et à la très bonne diction allemande. Si son « Abscheulicher » n’a peut-être pas tout le mordant souhaité, son « Ich bin sein Weib » est lancé avec l’énergie du désespoir. Le Jaquino de Manuel Günther est, lui aussi, une des bonnes surprises du spectacle. Quant au chœur, il est à l’image de la production : inégal, se rattrapant en fin de soirée pour délivrer un superbe Finale.



Claudio Poloni

 

 

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