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Le saigneur de l’anneau

Torino
Teatro Regio
06/03/2015 -  et 5, 7, 9, 12, 14* juin 2015
Charles Gounod : Faust
Charles Castronovo (Le docteur Faust), Ildar Abdrazakov (Méphistophélès), Vasilij Ladjuk (Valentin), Irina Lungu (Marguerite), Ketevan Kemoklidze (Siebel), Samantha Korbey (Marthe), Paolo Maria Orecchia (Wagner)
Coro del Teatro Regio, Claudio Fenoglio (préparation), Orchestra del Teatro Regio, Gianandrea Noseda (direction musicale)
Stefano Poda (mise en scène, décors, costumes, chorégraphie, lumières), Paolo Giani Cei (assistant)


(© Ramella&Giannese, Teatro Regio Torino)


Un immense anneau métallique toujours en mouvement, symbole du pacte conclu entre Faust et Méphisto, entre l’humanité et le non-être. Symbole aussi de la vie et de la quête perpétuelle de sens. Un anneau qui s’abaisse pour représenter le monde matériel, stylisé sobrement par quelques accessoires, des livres pour le bureau de Faust, un arbre pour le jardin ou encore une croix pour l’église, et qui s’élève pour s’ouvrir au monde spirituel, dans des jeux de lumières très suggestifs. C’est ce qui restera, indubitablement, de la nouvelle production de Faust signée par Stefano Poda au Teatro Regio de Turin. Des images spectaculaires et saisissantes, chargées de nombreux symboles, qui en disent bien plus long que les propos alambiqués et verbeux du metteur en scène dans le programme de salle. Un spectacle ne devrait jamais avoir besoin de longues et tortueuses explications pour être compris. On préfère donc rester sur ces images d’un Faust de toute beauté.


D’autant que le spectacle bénéficie d’un traitement musical de très haut niveau. Grâce surtout à la présence dans la fosse de Gianandrea Noseda, qui s’affirme comme l’un des chefs les plus captivants du moment. Considéré comme un spécialiste des répertoires italien et russe, le « maestro » prouve ici sa polyvalence. Galvanisant chœur et orchestre, il offre du chef-d’œuvre de Gounod une lecture tendue et passionnée - au risque çà et là de tout emporter sur son passage -, aux contrastes soutenus, aux « tempi » rapides et aux sonorités brillantes, mais toujours avec un grand souci du détail. Le Met de New York l’a bien compris, qui l’a d’ores et déjà engagé pour diriger plusieurs opéras français ces prochaines années.


La distribution vocale s'élève au même niveau, même si on peut regretter que le français soit malmené par la plupart des interprètes. Irina Lungu incarne une Marguerite ingénue et émouvante, au chant élégiaque nuancé et parfaitement maîtrisé, plus humain que virtuose, avec de superbes accents dramatiques dans la scène de la prison. Avec sa voix ample et sonore, homogène sur toute la tessiture, Ildar Abdrazakov confère une très forte présence scénique à un diable de belle allure, portant un costume soit rouge soit noir, les mains toujours couvertes de sang, Méphisto plus rusé et calculateur que véritablement démoniaque, mais indéniablement moteur de l’action. Charles Castronovo est un Faust au chant élégant et raffiné, au phrasé délicat, même si la projection est quelque peu limitée et l’extrême aigu serré. Il convient aussi de relever la belle prestation de Vasilij Ladjuk en Valentin. Coproduit avec l’Opéra de Tel Aviv et l’Opéra de Lausanne, le spectacle sera présenté en Suisse en juin 2016, une occasion rêvée pour se laisser envoûter une nouvelle fois par cet anneau fascinant.



Claudio Poloni

 

 

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