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La tradition, mais laquelle ?

Paris
Théâtre des Champs Elysées
03/10/2001 -  12, 14, 16, 18, 20 mars
Giochino Rossini : Il Barbiere di Siviglia
Pietro Spagnoli (Figaro), Laura Polverelli (Rosina), Claire Larcher (Berta), Charles WXorkman (Almaviva), Alfonso Antoniozzi (Bartolo), Giovanni Furlanetto (Basilio), Riccardo Novaro (Fiorello)
Stefano Vizioli (mise en scène), Francesco Calcagnini (décors), Anna-Maria Heinrich (costumes), Franco marri (costumes)
Choeur de Radio France, Orchestre National de France, Evelino Pido (direction)

Y a-t-il encore une vie dix ans après la fin du Rossini boom entamé dans les années soixante ?
On peut s’interroger, en remarquant combien il est facile aujourd’hui de réunir des distributions exaltantes pour les ouvrages du dix-huitième siècle, tandis que le répertoire italien plus tardif semble frappé d’une relative atonie. Non que les chanteurs de ce Barbier déméritent vraiment ; difficile néanmoins de trouver matière à délirer. On aime le Figaro vif et au timbre séduisant, mais au style un peu rustique (beaucoup d’attaque poussées, peu de legato) de Pietro Spagnoli, comme le Bartolo à la voix simplement honnête mais remarquable de vélocité et de caractérisation d’Alfonso Antoniozzi. Giovanni Furlanetto est un Basilio stylé et franchement burlesque, à l'aise dans la tessiture sans que le matériau vocal s'avère de premier ordre, confirmant à Paris les promesses de ses belles prestations à Lyon et Toulouse notamment. La Rosine de Polverelli nous pose un problème : campant avec le metteur en scène une mégère nullement apprivoisée, fort drôle dans ses numéros de diva en herbe, elle passe à côté de tout ce qui fait le sel du personnage, à savoir la feinte ingénuité. D'autant que la voix, aux registres disjoints et souvent poitrinés, manque terriblement de charme (c'est une Zulma de L'Italienne que nous entendons là, au mieux un travesti pour certains opéras seria), qu'une projection sonore et une indéniable autorité dans la vocalisation ne compensent pas un phrasé haché et, surtout, l'absence de nuances dynamiques. Almaviva fait avec Workman une victime de plus ; indisposé le soir de la première, le ténor britannique perd tout contrôle de l'émission et de la justesse dans les vocalises de son air d'entrée, et la fragilité du registre aigu reste perceptible tout au long de la soirée (inutile de préciser que "Cessa di piu resistere" est coupé). Il mérite cependant notre indulgence, non seulement par sa remarquable tenue scénique, toute d'élégance et de vitalité, mais aussi par la rare musicalité du chant (enfin le legato, enfin les nuances dont ses partenaires sont avares !), et même par la réelle beauté du timbre dans le médium. On sait que le problème du rôle tient beaucoup à l'évolution des techniques de chant : ancré dans ces registres qualifiés, à défaut d'une dénomination plus adéquate, de "baryténor" (que Workman possède incontestablement), les vocalises n'étaient sans doute données à l'époque que dans une voix mixte très allégée, voire carrément dans le registre de fausset, que le public n'accepterait plus aujourd'hui. Il faut donc se résoudre, soit à perdre le grave en le confiant à des ténors trop légers, soit comme ici, à risquer moult périls dans l'aigu.
Sympathique spectacle de Stefano Vizioli, conventionnel mais imaginatif (excellents et fort beaux gadgets scénographiques, si le délire cartoonesque et l'univers visuel unique des Hermann dans Le Turc reste inégalé), doté d'une direction d'acteurs très fouillée - dans le genre buffa néanmoins, plutôt que dans celui de la comédie de caractère qui siérait mieux ici. Baguette précise, vive et à la dynamique exemplaire d'Evelino Pido (un peu plus de rubato n'aurait pas nui ici ou là, et si l'Ouverture est magistrale, la caractérisation de l'orage déçoit un peu), à la tête d'un Orchestre National de France réjoui et parfaitement stylé.


Des photos sur ConcertoNet.TV


Vincent Agrech

 

 

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