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De l’intensité, toujours de l’intensité

Vienna
Konzerthaus
06/02/2015 -  
Joseph Haydn: Quatuor n° 57, opus 54 n° 2
Joseph Johann Baptist Wölfl: Quatuor opus 10 n° 4
Wolfgang Amadeus Mozart: Divertimento n° 17 pour deux violons, alto, contrebasse et deux cors, K. 320b [334]

Quatuor Mosaïques: Erich Höbarth, Andrea Bischof (violons), Anita Mitterer (alto), Christophe Coin (violoncelle) – Johannes Hinterholzer, Markus Hauser (cors), Britta Bürgschwendtner (contrebasse)


Le Quatuor Mosaïques (© Wolfgang Krautzer)


Alors que les VIP de la ville de Vienne se bousculaient aux portes de la grande salle du Konzerthaus pour écouter les feux d’artifice de Pierre Laurent-Aimard et Esa-Pekka Salonen, un petit cercle d’habitués se réunissait à l’autre bout du couloir pour poursuivre le cycle offert par les Mosaïques.


Haydn, Mozart: le programme couvre bien la période de prédilection de l’ensemble. Entre ces deux compositeurs, le fort peu joué Joseph Wölfl (1773-1812), qui, non content de porter le prénom du premier et de partager le lieu de naissance du second, prenait de plus ses cours de musique chez Leopold (le père de l’un) et Michael (le frère de l’autre). Une découverte, mais non une surprise pour les discophiles, qui auront noté un enregistrement de ses quatuors par les Mosaïques. La veine mélodique de l’Opus 10 n° 4 est aisée, fait la part belle au violoncelle et réserve de véritables curiosités mais n’efface toutefois pas la technique derrière l’émotion musicale. Il faut dire que la forme du quatuor à cordes est sans concession: un accompagnement un peu bavard, un enchaînement un peu convenu et cela sonne vite maladroit.


En contraste, le quatuor de Haydn respire la liberté; la manière des Mosaïques de se jeter à corps perdu dans la musique, soutenue par une rythmique inexorable et un équilibre instinctif entre les pupitres, tout cela leur permet de typer chaque mouvement et de recréer la partition sur scène. Dans une œuvre qui enchaîne les audaces, retenons l’introduction thaumaturgique du second mouvement par le premier violon, à mi-chemin en rapsodie tsigane et cadence improvisée d’opéra baroque: Erich Höbarth n’était peut-être pas au sommet de sa forme ce soir (on l’aura entendu livrer des interprétations plus soignées), mais que cela ne tienne – pas question de raboter sur la prise de risque. On tient coûte que coûte le tempo, quitte à s’en sortir d’un coup de pied rageur sur scène afin d’escamoter une fin de phrase qui s’échappe. Chapeau, ça c’est du métier!


Les sonorités, un peu tendues en première partie, s’assouplissent dans le Divertimento; fort du soutien des deux cors et de la contrebasse (doublée par le violoncelle de Christophe Coin), le plaisir quasi tactile de l’écoute devient charnel, de par la propagation des ondes harmoniques à travers le corps. On est loin de l’esprit de galanterie philistine qui pourrait miner cette œuvre salzbourgeoise; les contrastes sont foudroyants (certaines variations en prennent une tournure pré-beethovenienne), les harmonies modernistes mis en avant, les danses exécutées avec âpreté. Et comme dans un bon restaurant, où ce sont les entremets qui révèlent pleinement le talent du chef, c’est souvent dans les transitions que l’on trouve le meilleur de nos musiciens.



Dimitri Finker

 

 

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