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Offenbach à Moscou

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
11/17/1999 -  et 18, 19*, 20, 21 novembre 1999
Jacques Offenbach : Les Contes d’Hoffmann
Vadim Zaplechny, Nikolaï Dorojkine, Anatoli Ponomarev (Hoffmann), Larissa Kostiouk, Elena Gouschina (Nicklausse, la Muse), Sergueï Toptyguine, Sergueï Moskalkov, Vladimir Ognev (Lindorf, Coppelius, Dapertutto, Dr. Miracle), Marina Andreieva, Tatiana Kouindji (Olympia), Elena Voznesenskaya, Vera Choumachenko (Antonia), Elena Yonova, Marina Karpetchenko, Anna Kazakova (Giulietta), Marina Karpetchenko, Ekaterina Oblezova, Natalia Zagorinskaya (Stella), Vladimir Bolotine, Igor Sirotkine, Mikhaïl Serychev (Nathanaël), Alexeï Kosarev, Igor Sirotkine, Mikhaïl Serychev (Spalanzani), Mikhaïl Goujov, Andreï Vylegjanine (Luther, Crespel), Sergueï Kostiouk, Andreï Vylegjanine (Hermann, Schlemil), Victoria Lyamina, Natalia Zagorinskaya, Ekaterine Oblezova (La mère d’Antonia)
Orchestre et choeur du Théâtre Helikon - Opéra de Moscou
Evgueni Brajnik (direction), Dmitri Bertman (mise en scène)

Le théâtre Helikon de Moscou fut fondé en 1990 par le jeune metteur en scène russe Dmitri Bertman. La qualité de ses spectacles fut couronnée par un " Masque d’Or " (l’équivalent russe des Oscars) reçu en 1997 par le metteur en scène pour sa production de Carmen.
Le théâtre Helikon est doté des avantages et inconvénients d’une troupe d’opéra : absence de très grandes voix mais solidité et homogénéité à la scène. Chanteurs et metteur en scène sont habitués à travailler ensemble. Une troupe d’opéra est une aussi une troupe de théâtre.

Du théâtre, en l’occurrence, il y en a dans cette mise en scène fourmillante d’idées qui évoque parfois l’esprit du cabaret. C’est un jaillissement de visions parfois loufoques, souvent sensées et justes. Un délire russe parcourt ces Contes d’Hoffmann : le savant Spalanzani est travesti en femme, au beau milieu de la valse, Hoffmann voit son automate de partenaire transformée en sorcière, et c’est pour finir elle qui se retrouvera avec un pantin dans les bras au moment où sa mécanique brisée devrait la réduire à l’immobilité... elle qui manipulait l’instant d’avant Hoffmann avec des ficelles.

La mise en scène est ingénieuse. Son foisonnement construit miraculeusement l’unité du texte, assimilant aussi bien les moments légers de l’oeuvre que ses épisodes dramatiques. Lorsque le Docteur Miracle ensorcelle Antonia, c’est une bobine de film qu’il déroule et qu’à l’autre extrémité Crespel rassemble, hébété. Entre les deux, Antonia s’enroule dans la pellicule, embobinée précisément. Fil conducteur de cette scène, le film réapparaîtra sous la forme d’images de la mère d’Antonia dans un poste de télévision. Ce qui aurait pu n’être qu’une solution, un artifice, est l’occasion d’un moment fascinant.

Les chanteurs sont tout entiers dans cette mise en scène. Jusqu’au salut, ils camperont leurs personnages. Ils jouent parfaitement la théâtralisation du chant, essentielle à certains rôles, que ce soit dans le comique (Olympia, Spalanzani), ou le tragique (Antonia). Leur musicalité est exemplaire, chaque ligne est jouée. Certaines de ces jeunes voix sont déjà de grandes voix (citons entre autres Larissa Kostiouk et Elena Voznesenskaya, très émouvantes). On regrettera cependant un Hoffman très faible (Nikolaï Dorojkine), souvent inaudible et pas toujours convaincant, ainsi qu’un manque de clarté lié aux nombreuses coupures pratiquées dans le texte. Si ces Contes y gagnent en dynamisme et en intensité, ils y perdent parfois en explicite. Il faut par exemple deviner qu’Antonia est atteinte de la Tuberculose, puisque le texte n’y fait plus directement allusion.

L’ensemble est soutenu par un très bel orchestre, chaud et lumineux, vif. La production souffre pourtant d’un défaut peut-être inévitable pour une telle distribution, celui de la prononciation. Le français de certains de ces jeunes chanteurs est incompréhensible. Ce qui dérange ici ne constituerait cependant pas un défaut crucial à l’étranger. Bien que le plaisir pris au spectacle soit diminué du constant recours aux surtitres, la production est de grande qualité, interprétation russe d’une vision française de textes allemands. L’art lyrique russe paraît avoir de beaux jours devant lui.




Gaëlle Plasseraud

 

 

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