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L’alchimie de la musique de chambre

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Colmar
05/16/2015 -  et 17 mai 2015

16 mai, Colmar (Eglise Saint-Matthieu)
Jean Sibelius : La Tempête, suite pour violoncelle et piano (*)
Johannes Brahms : Quintette avec piano en fa mineur, opus 34
Wolfgang Amadeus Mozart : Symphonie n° 29 en la majeur, K. 186a [201]

Martin Beaver, Charlotte Juillard (violon), Alexander Zemtsov (alto), Marc Coppey, Jan-Erik Gustafsson (*) (violoncelle), Peter Laul (*), Lise de la Salle (piano)
Orchestre du festival, Marc Coppey (direction musicale)

17 mai, Wintzenheim (Domaine Josmeyer)
Johann Sebastian Bach : Partita pour violon n° 2, BWV 1004: Chaconne (arrangement Ferruccio Busoni) (*)
Johannes Brahms : Zwei Gesänge, opus 91
Robert Schumann : Fantasiestücke, opus 73
Jesús Guridi : Seis canciones castellanas
Carlos Guastavino : Mélodie
Maurice Ravel : Don Quichotte à Dulcinée: «Chanson à boire»

Anna Reinhold (soprano), Alexander Zemtsov (alto), Marc Coppey (violoncelle), Peter Laul, Lise de la Salle (*) (piano)

17 mai, Turckheim (Eglise Sainte-Anne)
Johannes Brahms : Quintette avec clarinette en si mineur, opus 115
Felix Mendelssohn : Octuor à cordes en mi bémol majeur opus 20 (*)

Ronald van Spaedonck (clarinette), Charlotte Juillard, Liana Gourdjia, Philippe Lindecker (*), Martin Beaver (*) (violon), Alexander Zemtsov, Naoko Shimizu (*) (alto), Jan-Erik Gustafsson, Marc Coppey (*) (violoncelle)




La ville de Colmar peut s’enorgueillir d’accueillir pas moins de deux festivals majeurs. Si, en juillet, la musique symphonique a sa tribune avec la manifestation organisée par Vladimir Spivakov, le répertoire de chambre est mis à l’honneur par la plus ancienne des deux, les Musicales, en mai, dirigée depuis plusieurs années par Marc Coppey, qui y insuffle le plus pur esprit d’un genre où prévaut une amicale collégialité, enjambant pour chaque concert les formations constituées pour imaginer des alchimies uniques et éphémères.


Charlotte Juillard pourrait en être l’un des plus beaux exemples: premier violon du Quatuor Zaïde et du Philharmonique de Strasbourg, elle se joint à Martin Beaver, Alexander Zemtsov, Marc Coppey et Lise de La Salle pour un Quintette avec piano de Brahms d’une admirable intensité. Dès l’Allegro non troppo initial, la cohérence complice entre les partenaires s’avère évidente, convergeant vers une ferveur recueillie dans l’Andante, quand l’énergie du Scherzo annonce l’incomparable Finale, où se confirme un dosage subtil entre densité sonore et intelligence de la forme: en ce moment d’excellence, perfection et émotion se sont donné rendez-vous. La soirée du samedi en l’église Saint-Matthieu permettait par ailleurs de goûter, en ouverture, une Suite pour violoncelle et piano de Sibelius inspiré par Shakespeare, La Tempête, où Jan-Erik Gustafsson et Peter Laul s’allient pour en faire ressortir l’inspiration d’une noble intériorité, avant de se clore par la Vingt-neuvième Symphonie de Mozart, dans laquelle Marc Coppey, à la tête d’un orchestre composé pour l’occasion avec les solistes du festival auxquels se joignent des membres du Symphonique de Mulhouse, communique un indéniable plaisir de jouer ensemble.


Le lendemain, c’est au domaine Josmeyer que l’on se rend pour un récital illuminé par la profonde musicalité de Lise de la Salle. Il est à peine onze heures, quand retentit la Chaconne de Bach, dans sa transcription éminemment pianistique de Busoni. Concentration et sens de la construction magnifient l’inimitable courbure elliptique d’un des sommets de la littérature musicale, sans jamais altérer un lumineux naturel qui irradie la partition. Peter Laul prend ensuite le relais au clavier, aux côtés d’Alexander Zemtsov pour accompagner Anna Reinhold dans Zwei Gesänge opus 91 de Brahms, où la soprano française fait affleurer la mélancolie voilée du texte. Avec un Marc Coppey d’un remarquable équilibre entre retenue et sentiment, le pianiste russe rend justice aux Fantasiestücke opus 73 de Schumann, avant de retrouver Anna Reinhold pour des espagnolades de Guridi et des chansons à boire de Guastavino et Ravel – où elle se montre davantage dans l’idiome que lors de la parenthèse hispanophone – en prélude à la dégustation qui suit le concert.


La dernière escale se tient à Turckheim, et ne quitte point les cimes de l’art. Le Quintette avec clarinette de Brahms met en évidence Ronald van Spaedonck, tandis qu’au sein de la palette d’instrumentistes déjà notés plus haut s’ajoute la non moins délicate Liana Gourdjia. L’Allegro augural surprend par la modération de son tempo, pour mieux s’accommoder de la réverbération acoustique, tout autant que ménager une progression vers un Adagio mesuré, avant un Andantino allant et coloré, et un Finale vibrant. L’Octuor de Mendelssohn offre comme une mise en miroir de deux quatuors – Philippe Lindecker et Noako Shimizu rejoignent les noms déjà cités au fil des concerts –, et l’on appréciera le solaire Allegro moderato qui l’ouvre. L’Andante ne fait pas l’économie de l’affect, tandis que les savoureux rythmes et pizzicati du Scherzo en font un irrésistible bis, après un beethovénien Presto conclusif.



Gilles Charlassier

 

 

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