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A l’heure de la marine wagnérienne

Marseille
Opéra
04/21/2015 -  et 24, 26*, 29 avril 2015
Richard Wagner : Der fliegende Holländer
Ricarda Merbeth (Senta), Marie-Ange Todorovitch (Marie), Samuel Youn (Le Hollandais), Tomislav Muzek (Erik), Kurt Rydl (Daland), Avi Klemberg (Le timonier)
Chœur de l’Opéra de Marseille, Pierre Iodice (chef de chœur), Orchestre de l’Opéra de Marseille, Lawrence Foster (direction musicale)
Charles Roubaud (mise en scène), Emmanuelle Favre (décors), Katia Duflot (costumes), Marc Delamézière (lumières)


Quoique régulièrement inscrit au répertoire des maisons d’opéra françaises, Le Vaisseau fantôme semble connaître cette saison une fortune particulière, à en juger par les trois productions à l’affiche – Lyon en octobre dernier et Caen reprenant en avril celle du Wagner Festival de Genève au même moment où Marseille propose la mise en scène de Charles Roubaud. Il ne saurait être question ici de relecture conceptuelle, et le présent travail s’attache avant tout à restituer les fragrances du drame. Dominé par une vaste coque aux confins de l’épave qui prend parfois des allures de massif, le plateau, dessiné par Emmanuelle Favre, ne se prive pas de projections vidéographiques et d’écume. Les embruns ne donnent véritablement leur mesure que dans l’engloutissement final, les vagues se contentant jusqu’alors d’ondulations plus textiles que marines, ce qui ne retire rien à la qualité des éclairages de Marc Delamézière, que l’on apprécie régulièrement entre autres sur la scène tourangelle.


D’une indéniable sobriété, la proposition scénographique constitue ainsi un bel écrin pour les voix et la vérité de la musique. D’une vaillance et d’un éclat que l’on peine à prendre en défaut, Ricarda Merbeth incarne une Senta vibrante et engagée, qui ne se contente pas de la fameuse balade, et maintient l’intérêt tout au long des trois actes. En Hollandais, Samuel Youn ne lui cède en rien et fait valoir un timbre nourri. La ligne admirablement chantante ne se laisse pas impressionner par les blessures du personnage, palpables sous l’assurance vocale: le baryton-basse coréen se confirme comme l’un des meilleurs interprètes actuels du rôle. Avec une pâte moelleuse et lumineuse qui se gauchit avec les sentiments du chasseur mais ne s’alourdit point, Tomislav Muzek confère à Erik la fragilité fébrile que l’on y attend. Si on le sent parfois en danger çà et là, Avi Klemberg n’en offre pas moins un Timonier attachant et bien en style. Marie-Ange Todorovitch se montre égale à elle-même en Marie aux registres contrastés, d’une efficacité certaine. Celle du Daland de Kurt Rydl n’est pas davantage à démontrer, sans pour autant faire oublier une grisaille imputable sans doute aux ans. On saluera naturellement les chœurs, solidement préparés par Pierre Iodice. A la tête de l’Orchestre de l’Opéra de Marseille, Lawrence Foster impulse l’énergie nécessaire, et tire au mieux parti des forces locales pour accompagner le drame et équilibrer les plans sonores. On ne lui tiendra guère rigueur d’avoir joué l’Ouverture à la façon d’un concert, avec applaudissements à la clef.



Gilles Charlassier

 

 

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