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Une Butterfly sobre et sensible

Stuttgart
Opéra
12/19/2014 -  et 22, 27 décembre 2014, 4, 11, 17, 24, 28* avril, 6, 13, 23, 26 mai 2015
Giacomo Puccini : Madama Butterfly
Karine Babajanyan/Alexia Voulgaridou/Catherine Naglestad* (Cio-Cio San), Helene Schneiderman/Frederika Brillembourg* (Suzuki), Simone Jackel/Pia Liebhäuser (Kate Pinkerton), Rafael Rojas*/Andrea Shin (Pinkerton), Motti Kaston*/Michael Ebbecke (Sharpless), Torsten Hoffmann/Heinz Göhrig* (Goro), Dominic Grosse (Yamadori), Mark Munkittrich/Roland Bracht* (Le Bonze), Stephan Storck/Siegfried Laukner* (Le Commissaire impérial)
Staatsopernchor & Staatsorchester Stuttgart, Giuliano Carella (direction)
Monique Wagemakers (mise en scène), Kark Kneidl (décors), Silke Willrett (costumes), Reinhard Traub (lumières)


(© A. T. Schaefer)


Une lecture orchestrale d’une scrupuleuse intégrité, une mise en scène évitant l’exotisme de pacotille comme une actualisation outrancière et enfin une distribution de choix font de cette production de Madama Butterfly à l’Opéra de Stuttgart – étrennée en 2006 – une authentique réussite musicale et théâtrale.


Confiée à la metteure en scène hollandaise Monique Wagemakers, la proposition scénique s’avère sensible et esthétisante, faisant fi de toute les «japoniaiseries» dont l’ouvrage est généralement truffé: les costumes (signés par Silke Wilrett) sont à la fois contemporains et occidentaux, tandis que la scénographie intelligente et dépouillée de Kark Kneidl – essentiellement constituée d’un miroir renversée qui reflète les déplacements des chanteurs – est parfaitement secondée par les magnifiques éclairages de Reinhard Traub. La régie séduit par la justesse de sa direction d’acteurs, et les touchantes idées qui l’émaillent, comme celle de montrer l’héroïne – après le départ de son amant – ne plus quitter, soit sa robe de mariée, soit le costume militaire de Pinkerton...


Avec la soprano américaine Catherine Naglestad, en troupe ici-même entre 1997 et 2003, la production bénéficie d’une interprète de toute première qualité, qui sait imposer avec force un personnage de femme amoureuse: l’intelligence du rôle, de ses implications vocales et émotionnelles, est évidente, porté par une voix impressionnante, au timbre riche et à l’émission puissante. Un portrait à bien des égards exemplaires, ne serait-ce que par son exigence stylistique. Elle récolte un triomphe mérité au moment des saluts.


Le ténor mexicain Rafael Rojas dessine, de sa voix solaire et sonore, un Pinkerton assez conventionnel, avec un chant impressionnant de facilité, mais qui gagnerait sans doute à s’affiner dans le phrasé et les couleurs. On notera la rare homogénéité du reste de la distribution, à commencer par la Suzuki de Frederica Brillembourg qui allie profondeur d’approche à un portrait vocal attachant et précis. Le baryton israélien Motti Kaston donne lui aussi un relief vocal et scénique singulier au consul Sharpless, tandis que Heinz Göhrig campe un Goro particulièrement roué et Roland Bracht un Bonze tout à fait terrifiant.


Comme à sa bonne habitude, le chef italien Giuliano Carella tisse des liens particuliers avec ses chanteurs: il respire avec eux et prend garde à ne jamais les étouffer, tout en laissant les climax de la partition atteindre leur plénitude. Avec Verdi, Puccini est le compositeur qui profite le plus de sa clairvoyance: le Prélude est une révélation, d’autant que l’Orchestre de l’Opéra de Stuttgart – dont il est un familier – joue pour lui de façon angélique.



Emmanuel Andrieu

 

 

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