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Flamenco sacré

Montpellier
Opéra-Comédie
04/11/2015 -  
Antonio Moya/Juliette Deschamps: A Dios – Flamenco y Saetas, hommage à la Semana Santa: Introït – Stabat Mater y Amarguas, Soledad; Kyrie – Chant grégorien, Manuela y Malaguena; Gloria – Saeta y Romance; Lacrimosa (d’après Wolfgang Amadeus Mozart); Credo – Alegria, Abel; Sanctus – Taranto, Rouge Carmen, Abandolao; Pasíon – Fandango de Huelvas (d’après Johann Sebastian Bach); Pater Noster – Tònas; Agnus Dei – Seguiriya; Ave Maria – Maria, Buleria y Ofertorio (d’après Franz Schubert); Stabat Mater (d’après Giovanni Battista Pergolesi), Béatitudes – Bulerias
Mari Pena (chant flamenco), Enrique El Extremeno (chant flamenco)
Antonio Moya (guitare flamenca, composition et arrangements musicaux), Nacho Gil (saxophone)
Juliette Deschamps (conception, images, videomix et arrangements musicaux), Rodolphe Villevieille, Martin Scali (assistants vidéo, montage et lumières)




Après le succès des Variations Goldberg avec Dan Tepfer en février dernier, Juliette Deschamps confirme avec A Dios combien sa résidence à l’Opéra de Montpellier, au-delà du croisement entre musique et image, est placée sous le signe de la rencontre de répertoires. Pour ce spectacle aux côtés d’Antonio Moya, avec lequel elle avait réalisé Rouge Carmen en 2008, elle est allée à Utrera, en Andalousie, filmer la Semana Santa, sa ferveur et ses processions. Le résultat, en noir et blanc d’une finition formelle que ne contredisent nullement les jeux de focales et d’objectifs, constitue la matière première d’un contrepoint vidéographique que la metteure en scène française compose, en direct de sa console informatique côté cour, au gré de l’instinct des solistes, et au diapason d’une culture gitane et flamenca qui accorde une place essentielle à l’improvisation.


L’on se laisse ainsi progressivement fasciner par ce puzzle d’images, qui façonnent un parcours presque obsessionnel, à la façon d’un rituel, lequel constitue au demeurant la colonne vertébrale d’un ordonnancement musical évoquant celui d’un office religieux: une rue inondée de lumière, des enfants aux cierges qui répètent les gestes pour la célébration, quelques passants, spectateurs en marge du flot mystique, la vierge à l’or argenté par le noir et blanc de la pellicule. Le documentaire s’efface devant ces symboles dont on a voulu capter la puissance esthétique plus encore que religieuse – la manière dont la foi se fait beauté.


Arrangé par Antonio Moya et Juliette Deschamps, le programme coule en une même ferveur les différents genres, jusqu’à la réécriture de pages parmi les plus célèbres de la musique sacrée, qui constituent certains des pivots autour duquel s’articule la dramaturgie d’ensemble. Cela se vérifie bien entendu avec le Stabat Mater de Pergolèse, en filigrane de plusieurs pièces, évidemment de l’ouverture et de la conclusion. Dans le Lacrimosa, à partir de celui du Requiem de Mozart, se distingue le saxophone ténor de Nacho Gil, qui dégage une sorte d’introversion sereine. Le Fandango de Huelvas, d’une belle intériorité, emprunte son matériau à «Erbame dich mein Gott» de la Passion selon saint Matthieu de Bach. Mais l’on retiendra encore davantage l’Ave Maria, développant admirablement les affects schubertiens. L’intensité du chant de Mari Pena n’y est pas étrangère, ici comme ailleurs. Et l’on ne peut oublier Enrique El Extremeno, l’une des plus fameuses voix flamenca, offrant un exemple de puissance expressive en marge des canons du répertoire lyrique.


Telle est la force d’A Dios, voyage où des univers différents se rencontrent sans jamais se trahir: à la suite des Variations Goldberg en février, la démarche artistique de Juliette Deschamps affirme à nouveau sa sensibilité et sa pertinence, et l’on ne peut que saluer l’initiative de Valérie Chevalier de lui offrir une tribune à l’Opéra de Montpellier.



Gilles Charlassier

 

 

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