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Un opéra multimédia

Lyon
Villeurbanne (Théâtre national populaire)
03/15/2015 -  et 16, 18, 19*, 20 mars 2015
Michel van der Aa : Sunken Garden (création française)
Roderick Williams (Toby Kramer), Katherine Manley (Zanna Briggs), Claron McFadden (Iris Marinus), Jonathan McGovern (Simon Vines [film]), Kate Miller-Heidke (Amber Jacquemain [film]), acteurs du film: Stephen Henry (Sadaqat Daastani), Harriet Dobby (Ally Hewitt), Alwyn Taylor (Rita Wales), Joanna Bond (Stella), Caroline Jay (Portia Jacquemain), Yiftach Mizrahi (Jeune homme)
Orchestre de l’Opéra de Lyon, Etienne Siebens (direction musicale)
Michel van der Aa (composition, mise en scène, film), Theun Mosk (décors, lumières), Astrid Schulz (costumes), Frank van der Weij (supervision technique)


(© Michel Cavalca)


Dernier volet de ce festival de printemps sous le signe des «Jardins mystérieux» (voir par ailleurs ici et ici), Le Jardin englouti de Michel van der Aa prend le parti de la création multimédia. Proposée au Théâtre national populaire de Villeurbanne dans le cadre d’un partenariat confirmant que l’Opéra de Lyon ne se laisse pas enfermé dans un élitisme intra-muros, la création française du compositeur néerlandais, dont la première mondiale eut lieu au Barbican Center, à Londres en avril 2013, offre un intéressant exemple de pluridisciplinarité, mêlant musique et cinéma, et d’ambition totale où le compositeur se fait aussi réalisateur et metteur en scène.


Passons sur le gadget des lunettes 3D pour donner plus de relief, voire plus de présence, à l’illusion du jardin englouti, que l’on se repasse en s’affirmant à chaque fois comme le pionnier en la matière – Solaris en constitue l’avatar le plus récent (voir ici). La trame imaginée par David Mitchell, le librettiste, et Michel van der Aa, séduit d’abord par son allure de polar, avant de sombrer dans un fantastique et des lisières de science-fiction passablement complexes, dissolvant au fil de la soirée, le sentiment d’une cohérence dramatique. Le film ne manque pas d’attraits, ni ne touches humoristiques, voire sarcastiques ou même cyniques, telles les interventions de Portia Jacquemain, jouée par Caroline Jay, qui étrillent malgré elle la vacuité vaniteuse de certains milieux artistiques. Drôle parfois, la charge n’en demeure pas moins souvent facile, et quelque peu marginale à l’égard du reste de l’intrigue. Sans doute aussi le voyeurisme qui s’en dégage, entre autres au fil des gros plans narcissiques successifs, présente-t-il un reflet désagréable à notre contemporanéité, et l’on en attend peut-être avec erreur la sublimation artistique.


Mais il faut également convenir que la partie musicale, empruntant généreusement au minimalisme et à la pop, sans pour autant parvenir à une synthèse originale, va trop ostensiblement à l’encontre des codes lyriques établis pour ne pas sortir de la tradition savante. La bande sonore n’en possède pas moins une efficacité appréciable, et l’investissement des interprètes lui procure un soutien significatif. Roderick Williams démontre une présence évidente en Toby Kramer, à laquelle ne lui cède en rien Claron McFadden en Iris Marinus, quand Katherine Manley concentre la personnalité manipulatrice de Zanna Briggs. Avatars filmiques, Jonathan McGovern maintient Simon Vines sur un registre entre parler et chanter, quand Kate Miller-Heidke s’abandonne sans réserve à des virtuosités pop. Le travail d’Etienne Siebens avec les instrumentistes de l’Opéra de Lyon reste néanmoins à saluer.


Indiquons pour conclure que le festival de la saison prochaine sera placé sous le signe de «L’humanité», avec en point d’orgue une Juive mise en scène par Olivier Py et une création de Michel Tabachnik sur un livret de Régis Debray, Benjamin dernière nuit, autour de l’écrivain Walter Benjamin, renouvelant la gageure relevée avec succès par Robert Badinter et Thierry Escaich avec Claude en 2013.

Le site de Michel van der Aa



Gilles Charlassier

 

 

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