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Un spectacle à l’ancienne

Liège
Opéra royal de Wallonie
03/15/2015 -  et 19, 22*, 25, 28, 31 mars 2015
Giuseppe Verdi: Rigoletto
Leo Nucci (Rigoletto), Desirée Rancatore (Gilda), Gianluca Terranova (Il Duca di Mantova), Luciano Montanaro (Sparafucile), Carla Dirlikov (Maddalena), Benoît Delvaux (Il Conte di Ceprano), Alexise Yerna (La Contessa di Ceprano), Laura Balidemaj (Giovanna), Roger Joakim (Il Conte di Monterone), Patrick Delcour (Marullo), Giovanni Iovino (Matteo Borsa), Victor Cousu (Usciere di Corte), Charlotte Jakobs, Irini Margaroni, Sarah Raiss (Il paggio della Duchessa)
Chœurs de l’Opéra royal de Wallonie, Marcel Seminara (chef des chœurs), Orchestre de l’Opéra royal de Wallonie, Renato Palumbo (direction)
Stefano Mazzonis di Pralafera (mise en scène, décors, costumes)


(© Jacques Croisier)


Heureusement qu’il y a Leo Nucci et Renato Palumbo. Le baryton de bientôt soixante-treize ans endosse à nouveau le rôle de Rigoletto qu’il a interprété à de nombreuses reprises – quatre cent quarante fois, indique le site de l’Opéra royal de Wallonie. Incarnation profonde, style irréprochable, identification totale au personnage : le chanteur ne s’économise pas. Malgré des couleurs naturellement appauvries, la voix paraît encore longue, pleine, puissante mais aussi nuancée. Cette interprétation formidable laisse une impression aussi forte que celle que Leo Nucci a livrée de Francesco Foscari sur cette scène il y a presque deux ans. De son côté, le chef obtient d’un orchestre aux cordes souples et aux bois raffinés une exécution claire, précise, détaillée. Beauté des dégradés, fermeté des contrastes, cohérence des tempi, autant de signes d’un travail approfondi sur la partition.


En revanche, le reste de distribution suscite moins d’enthousiasme. Plus soucieuse de placer ses notes que d’incarner un personnage, Desirée Rancatore convainc modérément en Gilda, dont elle ne possède ni la fraîcheur ni la pureté. La soprano, qui se profile en tragédienne, notamment grâce à des graves profonds et corsés, ne peaufine pas toujours ses aigus, indurés, et l’émission, inégale. Gianluca Terranova compose un Duc sommaire, banal, sans ambiguïté. Le ténor adopte cependant un style orthodoxe et conquiert le haut du registre sans trébucher. Les autres interprètes ne déméritent pas: Sparafucile idiomatique de Luciano Montanaro, Conte de Ceprano menaçant de Roger Joakim, Maddalena aux charmes capiteux de Carla Dirlikov (voix restreinte mais timbre intéressant). Préparés comme d’habitude par Marcel Seminara, les chœurs livrent, quant à eux, une prestation convenable.


La scénographie relève d’une conception passéiste et caricaturale de l’opéra. Stefano Mazzonis di Pralafera n’a rien de mieux à proposer qu’une mise en scène littérale et paresseuse mais qui a au moins le mérite d’être lisible. Les spectateurs, parmi lesquels figurent le couple royal Albert et Paola, applaudis lors de son entrée dans la loge, doivent se contenter de conventions et de stéréotypes – difforme, Rigoletto porte un chapeau de bouffon. Des toiles peintes et des panneaux réalistes, manifestement récupérés d’autres productions, constituent un décor de la vieille école tandis que les costumes, très ouvragés, semblent provenir d’un musée. La présence de deux hommes travestis en femme et qui se dépoitraillent au premier acte constitue la seule touche d’audace – et encore – de ce Rigoletto suranné mais pour en comprendre la signification, le spectateur est prié de lire la note de mise en scène dans le programme, de nouveau dépourvu de la biographie des artistes.


Preuve que ce spectacle a été conçu pour Leo Nucci, peut-être réticent à l’idée de se produire dans une mise en scène trop innovante, «Si, la vendetta» est repris en bis et les chanteurs saluent devant le rideau après les premier et deuxième actes. Ces anciennes manières flattent leur ego et plaisent au public au mépris de la dramaturgie. Pourvu que l’Opéra royal de Wallonie ne reprenne pas cette nouvelle production et que le directeur conçoive un Elixir d’amour plus audacieux et inventif à la fin de saison.



Sébastien Foucart

 

 

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