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Nationalités, générations et styles

Paris
Théâtre du Châtelet
03/01/2001 -  
Matthias Pintscher : Sur "Départ" de Rimbaud (création française)
Marc-André Dalbavie : Concerto pour violon (création française)
Christopher Rouse : Symphonie n° 2


Eiichi Chijiiwa (violon), Emmanuel Gaugué, Eric Picard, Guy Besnard (violoncelle)
Chœur de chambre Accentus, Denis Comtet (préparation)
Orchestre de Paris, Christoph Eschenbach (direction)

Trois compositeurs représentant chacun une nationalité, une génération et un style: le programme était suffisamment stimulant pour suggérer ces différentes grilles d’analyse et apporter une nouvelle preuve, s’il en était besoin, de l’extraordinaire variété du paysage musical contemporain.


Dans Sur "Départ" de Rimbaud, dédié à Christoph Eschenbach qui l’a créé en 1999, tant le titre que le projet et, surtout, la musique de Matthias Pintscher, Allemand tout juste trentenaire, s’inscrivent dans la filiation des cantates de Webern et de Boulez. Deuxième d’un ensemble de cinq œuvres (à ce jour) inspirées par ce même poème, cette pièce d’un seul tenant et d’une durée de dix-sept minutes fait appel à un orchestre divisé en petits groupes, à seize voix de femmes et à trois violoncelles solistes, ces derniers placés dans le public. En accord avec le texte heurté, concentré et elliptique de Rimbaud, des passages d’une finesse arachnéenne, aux confins du silence, sont interrompus par des explosions d’une exceptionnelle violence: partition extrême, qui laisse peu de place à la continuité du discours et qui s’impose par ses contrastes.


Marc-André Dalbavie, compositeur en résidence à l’Orchestre de Paris, fête cette année ses quarante ans. Il a composé son Concerto pour violon voici cinq ans, et c’est déjà Eiichi Chijiiwa, par ailleurs deuxième violon solo de l’Orchestre, qui en avait donné la première à Donaueschingen. Indéniablement - et sans surprise - plus brillant, ludique et hybride que Pintscher, Dalbavie, à la manière d’un Berio ou d’un Ligeti, s’amuse avec l’effectif instrumental (dont près de la moitié est installée dans la salle, au premier balcon), les références historiques, les clins d’œil aux poncifs violonistiques, les gestes virtuoses et le modèle du concerto (trois mouvements... mais joués "simultanément", pour une durée de vingt-cinq minutes). Le résultat est immédiatement séduisant, sans doute un rien extérieur, mais d’une efficacité redoutable, qu’il s’agisse de la dynamique quasi-répétitive du début ou de la délicatesse lyrique de la partie centrale.


Créée à Houston par Christoph Eschenbach, la Deuxième symphonie (1994) de l’Américain Christopher Rouse (né en 1949) se déroule en trois mouvements enchaînés (vingt-cinq minutes) et fondés sur les mêmes thèmes. Si le premier mouvement se présente sous la forme d’une sorte de concerto pour orchestre à l’ironie pince-sans-rire qui semble héritée de Hindemith ou Chostakovitch, la couleur s’assombrit ensuite dans une élégie écrite à la mémoire du compositeur Stephen Albert (1941-1992) puis dans un finale motorique et violemment percussif. Inutile d’épiloguer longuement sur la qualité de l’inspiration et sur l’originalité des moyens déployés, car la sincérité de la démarche est incontestable en même temps que l’effet produit peut difficilement laisser indifférent.




Simon Corley

 

 

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