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Révélations mozartiennes

Vienna
Konzerthaus
02/14/2015 -  
Wolfgang Amadeus Mozart: Quatuor n° 4, K. 157
Joseph Haydn: Quatuor n° 82, opus 77 n° 2
Johannes Brahms: Quatuor n° 2, opus 51 n° 2

Quatuor Mosaïques: Erich Höbarth, Andrea Bischof (violon), Anita Mitterer (alto), Christophe Coin (violoncelle)


Le Quatuor Mosaïques (© Joe Kohen for The New York Times)


L’Allegro du quatuor de Mozart qui ouvre le programme exhale un équilibre classique à la perfection un peu tiède. S’agit-il vraiment d’instruments anciens? On remarque à vrai dire à peine les sonorités des cordes en boyaux; ce n’est qu’à l’entame du deuxième mouvement que les timbres se libèrent et que la magie se produit – elle ne nous lâchera plus jusqu’à l’entracte. Le dénuement initial de l’Andante en ut mineur, «tonalité mozartienne du tragique dans le déchirement ou dans le combat» pour citer les Massin, se métamorphose progressivement en un enchevêtrement de voix d’une complexité prodigieuse; voici un mouvement traité par la plupart des ensembles comme une simple composition d’enfance, alors que le Quatuor Mosaïques le révèle ce soir comme un tournant ouvrant la voie à un Mozart dramaturge.


Le Quatuor opus 77 n° 2 de Haydn, dernière pièce achevée du maître pour cette formation, continue sur cette lancée euphorisante. Le Menuet est pris à un tempo de scherzo, transformant la partition en nuages pointillistes, et ancrant l’œuvre dans une perspective beethovénienne. Changement de timbre soudain du Trio, comme passé à travers un filtre de coton. Les solos se fondent avec liberté, mais sans ostentation. Tous les risques sur scène sont permis, rien ne peut arriver; on se sent, au fond de son fauteuil d’auditeur, comme protégé par le violon souverain d’Erich Höbarth, un roc avec son Guarnerius soudé à la clavicule, transporté par le violoncelle profond de Christophe Coin, enivré par la rythmique sans défaut d’Andrea Bischof et Anita Mitterer.


On l’aura bien compris, cette première partie se déroule à un niveau absolument hallucinant. Aura-t-on déjà aussi bien joué Haydn en concert? Allons donc, ce soir les Mosaïques ont certainement le potentiel de régler une fois pour toute la question de l’interprétation sur instrument anciens. On sent de fait plus l’héritage du Quatuor Végh que celui des baroqueux du Concentus Musicus.


Difficile en revanche de tenir la distance après tant de somptuosité; le Brahms apparaît tout d’abord comme plus aérien, allant et dégraissé qu’à l’habitude. Pourquoi pas: un regard neuf, un antidote à la routine romantique! Mais malgré de beaux passages énergiques, les musiciens semblent moins infaillibles, et parfois presque dépassés par la partition. La clarté des lignes vire souvent au détricotage de l’œuvre, et laisse entrapercevoir les coutures qui tiennent les transitions. A force, Brahms finit par paraitre malhabile, académique.


Oublions cette seconde partie, retenons ces moments de grâce et ces sourires fugitifs circulant d’un pupitre à l’autre. A l’enthousiasme qui les anime, on pourrait penser se trouver face à un jeune quatuor sortant des rangs du conservatoire. Mais non... Déjà vingt-huit ans de scène en commun, et un plaisir intact de créer de la musique.



Dimitri Finker

 

 

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