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Des hauts et des bas

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
02/09/2015 -  et 10*, 11 février 2015
Boris Eifman : Up and Down (création française)
Musiques de Schubert, Berg, Gershwin et Chopin
Zinovy Margolin (décors), Olga Shaishmelashvili (costumes), Gleb Filshtinsky, Boris Eifman (lumières)
Oleg Gabyshev (Dick River), Lyubov Andreyeva (Nicole), Dmitry Fisher (Tommy), Jiri Jelinek (Le père), Maria Abashova (Rosemary), Corps de ballet du Ballet-Théâtre Eifman de Saint Pétersbourg




Boris Eifman et sa compagnie pétersbourgeoise deviennent de hôtes réguliers du Théâtre des Champs-Elysées où, lors des précédentes saisons, ils ont présenté des ballets d’un style néoclassique de bon aloi ayant toujours pour substrat une œuvre littéraire et que le chorégraphe russe qualifie lui-même de «ballet-théâtre psychologique moderne». On a ainsi pu voir pêle-mêle et avec des bonheurs divers sa Giselle Rouge, Anna Karénine, qui était à certains égards une bonne surprise, une bien improbable adaptation de Crime et châtiment, un Eugène Onéguine, un Rodin.


C’est vers Francis Scott Fitzgerald qu’il s’est tourné pour sa dernière création, réalisée en janvier dernier au Théâtre Alexandrinsky de Saint-Pétersbourg et présentée dans la foulée au Théâtre des Champs-Elysées. Tender is the Night (Tendre est la nuit), roman psychologique que beaucoup considèrent comme le chef-d’œuvre de Fitzgerald et qui a donné lieu en 1962 à un film de Henry King avec Joan Fontaine, a suffisamment de matière narrative pour créer un synopsis de chorégraphie avec ses épisodes tranchés mais, et c’est là que le bât blesse, la psychologie des personnages est plutôt délicate à appréhender. Or, Boris Eifman ne donne pas toujours dans la finesse psychologique mais brosse le plus souvent à gros traits ses personnages et pratique beaucoup le cliché. Autre écueil, le vocabulaire chorégraphique et le style trop gymnique qui ont vraiment tendance à ne pas varier d’une pièce à l’autre.


Dans Up and Down, titre de l’adaptation qui a au moins le mérite de prendre une certaine distance avec le roman, certaines scènes sont très réussies, comme celle d’ouverture qui dépeint avec une cruauté réaliste l’univers de la clinique psychiatrique, domaine de Dick River, le médecin bientôt amoureux de sa patiente Nicole, qui l’entraînera à sa perte. Les pas de deux entre les protagonistes sont aussi très bien réalisés mais malheureusement pas toujours assez variés dans leurs pas. Certaines scènes de la seconde partie, qui se passent dans des cabarets dans l’ambiance Années folles sur la Côte d’Azur, donnent lieu à un débraillé chorégraphique qui tranche un peu avec le style néoclassique de l’ensemble. Le tout est dansé sur un collage musical assez réussi qui convoque Schubert, Berg (pour les scènes anxiogènes), Chopin, Johann Strauss II, Gershwin et des musiques de jazz et de danse pour les charleston et cancans. L’ensemble de la compagnie danse à un niveau technique étonnant et les solistes, autant l’élégant Oleg Gabyshev (Dick) que la très virtuose Lyubov Andreyeva (Nicole), Dmitry Fisher (Tommy) et Jiri Jelinek (le Père), sont tous excellents. Les beaux décors arts déco de Zinovy Margolin sont particulièrement en situation au Théâtre des Champs-Elysées, qui date de la même époque. Les costumes d’Olga Shaishmelashvili sont aussi de belles réussites et donnent son unité au spectacle.


Réserve majeure, la pièce est trop longue et quelques scènes redondantes pourraient aisément être coupées pour faire un spectacle de quatre-vingts minutes qui pourrait se donner sans entracte et soutiendrait bien mieux l’attention du spectateur. Cette remarque en appelle une autre sur la pertinence des entractes. Sont-ils encore adaptés au rythme de la vie et des soirées citadines? Au théâtre parlé, beaucoup de salles l’ont compris et proposent des spectacles sans entractes, quitte à transformer une partie de leurs espaces en restaurant pour permettre au public d’anticiper ou de prolonger la soirée sans la terminer trop tard. Ironie du sort, au Théâtre des Champs-Elysées où notoirement toute une partie du public est plus intéressée par la vie mondaine des entractes que par le spectacle ou le concert, il n’y a plus assez de personnel dans les bars pour satisfaire en une demi-heure la totalité des clients potentiels...



Olivier Brunel

 

 

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