About us / Contact

The Classical Music Network

Paris

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Un Wagner supersonique à la Philharmonie

Paris
Philharmonie 1
01/24/2015 -  et 8 (London), 12 (Bruxelles), 16 (Barcelona), 19 (Valencia), 20 (Madrid) janvier 2015
Ludwig van Beethoven : Symphonie n° 5 en ut mineur, opus 67
Richard Wagner : Das Rheingold: «Entrée des dieux au Walhalla» – Götterdämmerung: «Voyage de Siegfried sur le Rhin» & «Mort de Siegfried et Marche funèbre» – Siegfried: «Murmures de la forêt» – Die Walküre: «Chevauchée des Walkyries»

Orquesta Sinfónica Simón Bolívar de Venezuela, Gustavo Dudamel (direction)


G. Dudamel (© Vern Evans)


La venue de Gustavo Dudamel et de l’Orchestre Simón Bolívar était un des événements les plus attendus des débuts de la Philharmonie de Paris. Et après Daniel Barenboim et le West-Eastern Divan Orchestra il y a quelques jours, c’est donc de nouveau un orchestre de jeunes qui était invité à un moment où plusieurs études montrent que le public du concert classique vieillit. Force est de constater toutefois que le public ce soir là était assez traditionnel dans sa composition. Il y a donc un important travail à faire pour espérer attirer vers de telles manifestations un public plus jeune et inviter des orchestres de jeunes ne sera certainement pas suffisant.


Le programme débutait par la célébrissime Cinquième Symphonie de Beethoven. Dès l’attaque du premier mouvement (Allegro con brio), ce sont l’énergie et l’allant des cordes qui frappent d’abord l’auditeur. Le tempo ne surprend pas et il est somme toute assez sage, les ruptures et silences sont assumés sans excès, laissant la musique se développer progressivement. La mise en place orchestrale est vraiment somptueuse, impeccable, sans aucune bavure, permettant de profiter pleinement de la belle acoustique du lieu et d’entendre chanter successivement les différents pupitres. L’orchestre est généreux, avec même certains instruments qui sont doublés mais cela n’empêche pas une belle écoute collective, un élément constant dans les orchestres symphoniques de haut niveau. L’Andante con moto est chantant à souhait et les bois, fruités et charnus à la fois, brillent d’une belle présence tandis que les cuivres prennent littéralement la parole avec justesse et précision. Le scherzo met une nouvelle fois en évidence l’extraordinaire sens du collectif de cet orchestre, avec un bel unisson des cordes graves, un incessant dialogue entre cordes et vents et entre cordes et cuivres. Quant à la transition avec le final, elle est menée avec maîtrise, en gardant le pianissimo indiqué par Beethoven le plus longtemps possible, ce qui est toujours très impressionnant. De fait, le contraste avec le début de l’Allegro conclusif est d’autant plus saisissant et ce mouvement est ensuite mené tambour battant vers l’apothéose finale. Toutefois, quelques ralentissements et à-coups étonnent, accentuant une musique qui n’en a vraiment pas besoin. Hormis ces réserves mineures, une belle interprétation finalement assez classique, mais qui manque sans doute du grain de folie et d’excitation presque tribale que mettait dans cette musique un certain Carlos Kleiber.


Après l’entracte, c’est un orchestre de près de 130 musiciens qui rejoint la scène. Au programme, un florilège d’extraits symphoniques de la Tétralogie de Wagner que Dudamel et ses musiciens viennent d’enregistrer. Et il faut bien reconnaître qu’ici le miracle opère. Le niveau orchestral est décidément superlatif et Dudamel sollicite plus que dans Beethoven les infinies possibilités de nuances et d’expressivité de l’orchestre. L’«Entrée des dieux dans le Walhalla» est magistrale, avec un timbalier précis et des couleurs orchestrales somptueuses laissant entendre vers la fin quatre harpes à la présence inouïe. Dans le «Voyage de Siegfried sur le Rhin», ce sont naturellement les cuivres qui se couvrent de gloire et notamment les trombones aux octaves parfaitement justes et donc fascinantes. Quant à «Mort de Siegfried» et la «Marche funèbre», elles permettent d’entendre un choral de tubas d’une élégance rare et une percussion déchainée qui ne sature jamais l’acoustique décidément riche de la Philharmonie de Paris. Et la construction en miroir des nuances de la pièce, avec un long crescendo suivi d’un infini decrescendo, est assumée avec une parfaite maîtrise. Les «Murmures de la forêt» sont moins convaincants, même si l’harmonie est d’un haut niveau. Pour finir le programme officiel, une «Chevauchée des Walkyrie» incandescente entraîne le public dans un tonnerre d’applaudissements. En bis, Dudamel et ses musiciens offrent une «Mort d’Isolde» d’une saisissante beauté funèbre et recueillie.


Que retenir de ce concert? Un superbe Beethoven somme toute assez classique et débordant de qualités mais pas complètement convaincant. Mais un fascinant Wagner à 130 musiciens qui devrait rassurer Jean Nouvel et ses acousticiens sur la qualité de la salle. On peut donc attendre en toute sérénité la suite de la programmation car une salle qui supporte un tel Wagner supersonique est certainement prête à en voir, et surtout à en entendre, bien d’autres...


Le site de Gustavo Dudamel
Le site de l’Orchestre symphonique Simón Bolívar du Venezuela



Gilles Lesur

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com