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Une Belle Hélène festive

Avignon
Opéra
12/27/2014 -  et 28, 31 décembre 2014
Jacques Offenbach : La Belle Hélène
Julie Robard-Gendre (Hélène), Ludivine Gombert (Parthoenis), Nina Savary (Léœna), Isabelle Monpert (Bacchis), Stanislas de Barbeyrac (Pâris), Marc Barrard (Agamemnon), Jean-Claude Calon (Ménélas), Lionel Peintre (Calchas), Antoinette Dennefeld (Oreste), Philippe Ermelier (Achille), Franck Licari (Ajax Ier), Virgile Frannais (Ajax IIe), Thibault Jullien (Philocôme), Cyril Héritier (Euthyclès), Ballet de l’Opéra Grand Avignon
Chœurs de l’Opéra Grand Avignon, Aurore Marchand (chef des chœurs), Orchestre régional Avignon-Provence, Dominique Trottein (direction musicale)
Jérôme Savary (mise en scène), Frédérique Lombart (assistante et reprise de la mise en scène), Michel Lebois (décors), Michel Dussarat (costumes), Alain Poisson (lumières), Eric Belaud (chorégraphie)


Louable intention, l’hommage est un exercice délicat s’il ne veut pas se confire dans le formol de la mémoire. Celui rendu à Jérôme Savary par l’Opéra d’Avignon avec la reprise de sa Belle Hélène évite brillamment cet écueil. Quand bien même la production a été remaniée au fil de ses très nombreuses tournées (voir par exemple ici), on ne peut qu’admirer la fraîcheur qu’elle conserve après quarante ans de services – reprise ici par Frédérique Lombart, assistante du metteur en scène. Si elle ne s’avère sans doute pas autant en dehors des modes qu’elle ne le prétend, elle en joue du moins avec suffisamment d’habileté pour ne pas s’y laisser enfermer – on reconnaîtra quelques touches visuelles plutôt années quatre-vingts, entre autres dans les décors de Michel Dubois ou les costumes de Michel Dussarat.


Empruntant sans honte à la revue – songeons au ballet à jupons et froufrous couleur cocarde –, le spectacle met le livret au parfum de l’actualité sans trahir son esprit chansonnier, croquant sans ménagement dieux et puissants. La crise passe généreusement au moulin de la satire, à l’instar des couronnes de pin et non plus d’or pour récompenser le vainqueur du concours. Le texte se délecte avec nous de son humour potache et ses calembours flirtant joyeusement avec le grivois, et plus si affinités, aux effets parfois un rien attendus, sans s’attarder cependant inutilement dans le mauvais goût.


A cette vitalité, la performance des solistes constituent un relais réactif. Hélène de belle allure avec robe à fourreau et coiffe à plumes, Julie Robard-Gendre se glisse ostensiblement dans les pas de Felicity Lott par une composition où l’hystérie s’acoquine avec l’excentrique, en un équilibre sans doute moins parfait que son aînée, et où le théâtre prend parfois le pas sur la vocalité. Le Ménélas de Jean-Claude Calon prend délibérément ce parti pris, et c’est à l’aune de son irrésistible talent comique qu’on l’estimera, trouvant l’idéale mesure dans la manière d’en faire trop. Nonobstant une relative méforme, c’est l’étoffe vocale qui distingue Stanislas de Barbeyrac – ce qui ne retire rien à son indéniable présence scénique. Agile et robuste, le ténor bordelais semble néanmoins taillé un peu trop large pour Pâris.


Lumière et autorité se conjuguent harmonieusement dans l’Agamemnon de Marc Barrard. Repérée en Isolier dans Le Comte Ory lyonnais en février dernier, la très prometteuse Antoinette Dennefeld offre un Oreste réjouissant sur tous les plans. Lionel Peintre affirme un Calchas bien en verve, tandis que Philippe Ermelier affuble Achille d’un ridicule caricatural. Mentionnons Ludivine Gombert et Nina Savary, aguicheuses Parthoénis et Léœna non exemptes d’un zeste de vulgarité éminemment en situation, quand Isabelle Monpert donne à Bacchis ce qu’il convient de piquant. Signalons encore les deux Ajax – Franck Licari et Virgile Frannais –, ainsi que Thibault Julien en Philicome et Cyril Héritier – Euthyclès.


Remarquable connaisseur du répertoire léger, Dominique Trottein impulse un entrain communicatif à l’Orchestre régional Avignon-Provence, auquel les chœurs de la maison ne manquent pas de se montrer sensibles, sans oublier d’éclairer les couleurs très opéra français de la partition: Offenbach sonne ici comme un parodiste de métier, et l’on ne refuse pas de telles noces du rire et du savoir.



Gilles Charlassier

 

 

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