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Un Verdi gastronomique

Vienna
Staatsoper
12/05/2014 -  et 8, 12, 16* décembre 2014
Giuseppe Verdi : La traviata
Ermonela Jaho (Violetta Valéry), Saimir Pirgu (Alfred Germont), Vitalij Bilyy (George Germont), Ilseyar Khayrullova (Flora Bervoix), Donna Ellen (Annina), Carlos Osuna (Gaston), David Pershall (Baron Douphol), Hans Peter Kammerer (Marquis d’Obigny), Dan Paul Dumitrescu (Docteur Grenvil)
Ballett, Chor, Orchester der Wiener Staatsoper, Myung-Whun Chung (direction musicale)
Jean-François Sivadier (mise en scène), Alexandre de Dardel (scénographie), Virginie Gervaise (costumes), Philippe Berthomé (lumières), Boris Nebyla (chorégraphie)


(© Wiener Staatsoper)


Saison quelque peu agitée au Staatsoper après la démission surprise de son directeur musical, Franz Welser-Möst – dans la grande tradition de la maison pourrait-on presque ajouter, si l’on remonte aux antécédents de Mahler, R. Strauss, Karajan ou Maazel. Il s’agit ainsi de trouver les remplaçants pour les trente-quatre représentations de la saison originellement prévues avec Welser-Möst. A la baguette dans Verdi (La Traviata ce soir, puis Rigoletto à partir du 20 décembre), ce sera finalement Myung-Whun Chung.


Le chef réussit à mettre tous les interprètes en phase dans une exécution remarquablement homogène et cohérente. Vision minimaliste et chambriste parfois, toujours raffinée et élégante. De certaines scènes d’amour naît ainsi une sensation d’intimité, qui vous ferait oublier les plus de 2000 spectateurs assis dans la salle ainsi que la superficie de l’immense scène de l’Opéra d’Etat de Vienne. Pas la moindre trace de vulgarité ou de lourdeur; les chanteurs s’aventurent dans des nuances subtiles et inédites, l’orchestre délivre un accompagnement riche, vibrant et pourtant tout en clarté. On est dans un raffinement quasi mozartien. Il suffit alors d’une micro-accélération ou d’un vibrato un peu plus appuyé pour jeter un coup de projecteur sur un élément et soudain créer le drame. Cela paraît simple à décrire, mais c’est certainement redoutable à exécuter, et en tout cas terriblement efficace.


Violetta (Ermonela Jaho) et Alfredo (Saimir Pirgu) épousent cette vision et forment un couple en parfaite harmonie vocale; les premiers moments laissaient craindre que le vibrato de la soprano ne soit quelque peu envahissant, son phrasé un peu précieux. Mais non: un jeu juvénile et frémissant d’enthousiasme, qui s’autorise des pianissimi merveilleusement dosés. Saimir Pirgu campe lui aussi un personnage tout en subtilité. Giorgio Germont (Vitaliy Bilyy, en remplacement de Fabio Capitanucci porté malade) travaille un peu plus en puissance, mais gagne en complexité au fil des scènes. Mentionnons aussi Ilseyar Kayrullova en Flora Bervoix, vénéneuse et provocante dans ses interventions.


La mise en scène participe à ce succès, avec discrétion, renforçant l’impression d’ensemble sans la surcharger. On quitte l’opéra comme on sortirait d’un dîner gastronomique; émerveillé, rassasié et pourtant avec l’envie de continuer l’expérience. Sitôt rentré chez soi, après plus de deux heures de musique, le premier réflexe est de chausser une paire d’écouteurs pour se replonger dans l’œuvre et confirmer que ce l’on vient d’entendre est effectivement prodigieux.


La représentation en HD



Dimitri Finker

 

 

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