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Sage Berlioz paris Salle Pleyel 02/14/2001 - et 15 février, 3 mars (partiel) 2001 Hector Berlioz : Harold en Italie, opus 16 – Symphonie fantastique, opus 14
Tabea Zimmermann (alto) Orchestre de Paris, Christoph Eschenbach (direction)
Berlioz est sans doute l’un des compositeurs emblématiques de l’Orchestre de Paris: ayant pris la succession de la Société des concerts du conservatoire, où avait été créée la Symphonie fantastique, il devait en faire un de ses chevaux de bataille dès sa fondation par Charles Münch et jusqu’au récent voyage à Salzbourg avec Les Troyens. Il était donc particulièrement intéressant de pouvoir entendre son nouveau directeur musical dans les deux plus fameuses œuvres orchestrales de Berlioz, en prélude aux festivités qui accompagneront d’ici 2003 la première "panthéonisation" d’un compositeur français.
Christoph Eschenbach, optant pour des tempi mesurés, semble délibérément tourner le dos au romantisme et tend à gommer les ruptures, les aspérités, les irrégularités, le bizarre, la démesure, l’extravagance, le grotesque, en somme tout ce dont on pensait jusqu’alors qu’était fait Berlioz. Cette lecture objective n’insiste pas outre mesure sur les "effets spéciaux" qui parsèment ces partitions. Bien au contraire, elle donne parfois à entendre d’inattendues faiblesses d’orchestration. Dans Harold en Italie, Tabea Zimmermann séduit par l’agilité et un jeu agile et précis en même temps que par une sonorité puissante et équilibrée. L’altiste allemande se fond parfaitement dans la conception peu démonstrative d’Eschenbach. Dès lors, un véritable dialogue s’instaure dans cette symphonie qui, comme son nom l’indique, n’est pas un concerto…
Dans la Symphonie fantastique, Eschenbach, qui observe toutes les reprises, démontre une même capacité à faire passer son message, d’une indéniable rigueur, soutenu par un orchestre attentif et convaincu. Mais ce message conserve un caractère inhabituellement mesuré et peu descriptif pour une telle musique. Si l’ensemble manque d’un indispensable sentiment d’urgence, cette interprétation n’en convainc pas moins par les couleurs particulièrement délicates du Bal ou par la poésie apaisée et recueillie de la Scène aux champs.
Simon Corley
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