About us / Contact

The Classical Music Network

Lausanne

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Dessine-moi... un opéra !

Lausanne
Opéra
11/05/2014 -  et 7, 8, 9, 12 novembre, 3, 4, 6, 7 (Lille) décembre 2014, 6, 7, 8, 9, 10 janvier (Genève), 9, 10,11, 12 février (Paris), 17, 18, 21 octobre (Liège) 2015
Michaël Levinas : Le Petit Prince (création)
Jeanne Crousaud (Le Petit Prince), Vincent Lièvre-Picard (L’Aviateur), Catherine Trottmann (La Rose), Rodrigo Ferreira (Le Renard, Le Serpent), Benoît Capt (Le Vaniteux, Le Financier, Le Géographe), Alexandre Diakoff (Le Roi, L’Ivrogne, L’Allumeur de réverbères, L’Aiguilleur), Céline Soudain (La Rose multiple)
L’Orchestre de Chambre de Genève, Arie van Beek (direction musicale)
Lilo Baur (mise en scène), Julian Crouch (décors et costumes), Fabrice Kebour (lumières), Arthur Touchais, Grégory Casares / tolmao.ch (design vidéo), Augustin Muller (réalisation informatique musicale)


(© Marc Vanappelghem)


Antoine de Saint-Exupéry disparaissait il y a 70 ans, dans un accident d’avion au large de Marseille. Le directeur de l’Opéra de Lausanne, Eric Vigié, a souhaité lui rendre hommage en demandant au compositeur français Michaël Levinas d’écrire un opéra « tout public » basé sur Le Petit Prince, œuvre emblématique du célèbre écrivain-aviateur. Ce conte pétri d’humanité, publié avec les propres aquarelles de l’auteur en 1943 à New York puis à Paris en 1946, est très vite devenu un immense succès mondial, jamais démenti jusqu’à aujourd’hui. Sa force d’attraction explique sûrement pourquoi quatre autres théâtres lyriques (Opéra de Lille, Opéra de Wallonie, Grand Théâtre de Genève et Théâtre du Châtelet) se sont joints à l’aventure. Une aventure qui s’est soldée par des applaudissements nourris à Lausanne à l’issue de la première représentation. Eric Vigié a réussi son pari, un pari qui était loin d’être gagné d’avance, quand on connaît la prise de risque qu’implique toute création lyrique.


Michaël Levinas est resté fidèle au texte et à la prosodie de Saint-Exupéry, les seules modifications qu’il a effectuées ayant été d’utiliser le présent au lieu de l’imparfait et de transformer le pilote – narrateur dans le livre – en acteur. Pour son quatrième opéra, il a composé une musique illustrative et protéiforme, serait-on tenté de dire, un kaléidoscope de styles divers et variés, allant du baroque à la musique électronique, avec une utilisation innovante des instruments, surtout des cordes. Le résultat est une œuvre avec énormément d’effets spéciaux sur des phrases musicales relativement simples et répétitives, parfois arides, mais qui rendent parfaitement justice au conte de Saint-Exupéry et qui en préservent tout l’aspect onirique et émotionnel ainsi que la part de mystère et de poésie. Les personnages sont campés par des lignes vocales clairement définies, avec une forte sollicitation des aigus, ce qui peut parfois dérouter.


L’aspect visuel de ce Petit Prince est tout aussi important que la musique. Les éditions Gallimard ont donné leur accord à l’adaptation lyrique à la condition que le contenu du récit soit respecté et que les personnages s’inspirent des aquarelles de l’auteur. La metteur en scène Lilo Baur – qui a déjà signé à Lausanne une très belle Lakmé il y a une année – et le décorateur Julian Crouch ne se sont pas laissés intimider par ce carcan et ont conçu un magnifique livre d’images s’ouvrant sur un paysage infini avec un avion planté dans le sol, des dunes de sable et de nombreuses planètes. On soulignera également des éclairages évocateurs et les effets saisissants des projections vidéo. Les personnages prennent vie immédiatement, avec le célèbre « Dessine-moi un mouton » lancé par un Petit Prince à la tignasse blonde, aux habits verts et à l’écharpe jaune. Jeanne Crousaud lui prête sa fragilité, sa naïveté et sa mélancolie. Le serpent de Rodrigo Ferreira fait forte impression parmi les nombreuses têtes blondes présentes dans la salle. On admire aussi la truculente galerie de personnages campés par Alexandre Diakoff et Benoît Capt, tous deux excellents. L’Orchestre de Chambre de Genève, sous la direction de son chef titulaire, Arie van Beek, fait preuve de souplesse et de fluidité. Dans leur enthousiasme cependant, les musiciens ne peuvent parfois éviter de couvrir les chanteurs. Globalement, ce Petit Prince est une réussite, on en ressort ébloui d’avoir retrouvé, une heure vingt durant, une partie de son enfance.



Claudio Poloni

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com