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Atypique et fascinant

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
10/30/2014 -  
Piotr Ilyitch Tchaïkovski : Francesca da Rimini, opus 32
Richard Strauss : Capriccio, opus 85: Scène finale
Jean Sibelius : Symphonie n° 2, en ré majeur, opus 43

Orla Boylan (soprano)
Orchestre national de France, Leif Segerstam (direction)


L. Segerstam


On dirait un vieux barde – ou un vieux Viking... le dernier Brahms, aussi. La démarche est lente, il dirige assis, mais les bras – et les poignets – restent souples, alors que le geste garde toute sa précision. Une personnalité hors du commun, qui, côté composition, en est à sa Deux-cent-quatre-vingt-cinquième Symphonie... Deux ans après, Leif Segerstam est de retour à la tête de l’Orchestre national. On se doutait bien qu’il ne donnerait pas le concert de tout le monde.


Francesca da Rimini frappe d’emblée par ses couleurs sombres, son ambiance de cauchemar. Vision dantesque en effet, très construite, fouillée dans le détail, sans ce pathos souvent associé à Tchaïkovski, qui semble privilégier la masse plutôt que la ligne, poussant l’orchestre au-delà de lui-même – quitte à le faire peiner un peu dans les tutti. L’épisode central, à travers la superbe clarinette de Patrick Messina, crée une atmosphère de désolation nostalgique. Superbe interprétation.


On pouvait enchaîner avec la Deuxième Symphonie de Sibelius. La scène finale de Capriccio de Strauss, en effet, s’insérait mal entre les deux. Elle est, de surcroît, vocalement calamiteuse : perpétuellement instable, Orla Boylan a plutôt la voix d’une Teinturière sur le retour, avec beaucoup de vibrato ; elle maîtrise mal son émission, ne peut assumer les nuances et les longues phrases straussiennes. Les cordes patinent dans le Clair de lune, le cor est moyen, la direction ne parvient pas à faire respirer l’orchestre : on est loin du velouté soyeux, sensuel, de la musique de Strauss.


Sibelius, heureusement, réserve d’autres plaisirs. Le chef, de toute façon, l’a dans les veines. Il n’en surprend pas moins par la gestion du temps musical – pas seulement par l’ampleur des tempos. Loin de chercher la permanence du flux, de tendre vers l’unité, la direction exalte les discontinuités des plans sonores et du discours, adopte une approche séquentielle – une façon de souligner l’originalité, la modernité du compositeur finlandais ? Comme chez Tchaïkovski, l’approche est souvent assez verticale, avec un dosage très savant des crescendos, notamment, à la fin, dans la triomphale coda. Pour ce Sibelius atypique et fascinant, les couleurs de l’orchestre changent aussi : Segerstam le veut lapidaire, granitique, brut. Bref, on se situe à l’opposé de toute une tradition – une récupération, diront certains – véhiculée depuis longtemps par d’illustres baguettes. Les musiciens donnent le meilleur d’eux-mêmes, faisant oublier parfois un manque d’homogénéité sonore – qui, finalement, ne messied peut-être pas à la perspective adoptée...



Didier van Moere

 

 

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