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Somptueuse compagnie Paris Théâtre de la Ville 10/28/2014 - et 29, 30 octobre 2014 Steptext Musique de Johann Sebastian Bach (Partita pour violon n° 2, BWV 1004: Chaconne)
William Forsythe (chorégraphie, scénographie, costumes, lumières)
Neue Suite
Musiques de George Frideric Haendel, Luciano Berio, Gavin Bryars, Thom Willems et Johann Sebastian Bach
William Forsythe (chorégraphie, scénographie, lumières, costumes), Yumiko Takeshima (costumes)
In the Middle, Somewhat Elevated
Musique de Thom Willems
William Forsythe (chorégraphie, scénographie, lumières)
Semperoper Ballett Dresden
Après avoir fait le printemps plus d’une fois à Paris, l’hirondelle William Forsythe fait cette année l’automne. Le festival d’Automne à Paris lui consacre un portrait d’envergure qui se répartira entre plusieurs compagnies et en plusieurs lieux parisien jusqu’à la mi-décembre. «Bienvenue à ce que vous croyez voir!» est sa devise. Ce qu’on a cru voir au Théâtre de La Ville était une somptueuse compagnie, le Ballet de Dresde, fondé sous Carl Maria von Weber, et aujourd’hui dirigé par Aaron S. Watkin, ancien danseur de Forsythe et répétiteur privilégié de ses chorégraphies dans le monde entier. Et trois œuvres fondamentales soigneusement choisies dans le répertoire du maître américain, dont deux étaient interprétées de façon superlative.
Eliminons d’emblée la déception relative. In the Middle, Somewhat Elevated, pièce pour neuf danseurs sur une musique pré-techno de Thom Willems, créé en mai 1987 par le Ballet de l’Opéra national de Paris, a laissé des souvenirs (les créateurs en étaient Guillem, Guérin, Hilaire, Legris, Delanoé...) avec lesquels il est difficile de rivaliser. Les danseurs du Ballet de Dresde, au répertoire duquel la pièce est entrée en 2004, en donnent une version un peu différente (version réglée ensuite par Forsythe pour son Ballet de Francfort), dans laquelle, malgré une technique irréprochable, on ne retrouve pas l’incroyable énergie qui peut se dégager de cette pièce mythique et sa fulgurance «parisienne».
Steptext qui ouvrait la soirée, pièce pour quatre danseurs créée en 1985, est le summum de l’élégance. Les quatre magnifiques danseurs de Dresde ont rendu justice à ce chef-d’œuvre dansé sur des fragments de la Chaconne pour violon seul de Bach avec une science de ce vocabulaire déconstruit si particulier. Courtney Richardson, première soliste de la compagnie était l’incarnation parfaite du style Forsythe.
Neue Suite qui suivait, ambitieuse pièce pour dix-huit danseurs spécialement créée pour le Semperoper Ballett de Dresde en 2012 et présentée pour le première fois à Paris, est une apologie du pas de deux. Forsythe en a réglé tout au long de sa carrière et les a assemblés sur des musiques aussi différentes que Haendel, Bach, Berio, Bryars et Willems, pour réaliser cette suite fascinante dans sa diversité et sa continuité. Tous les danseurs ont rendu justice à ce bouquet composé avec une science ébouriffante de la progression et de l’invention. La prochaine compagnie invitée par le festival d’Automne à rendre justice à cet immense chorégraphe le plus représenté au monde sera le Ballet de l’Opéra national de Lyon avec deux programmes qui mettront en perspective Forsythe avec Benjamin Millepied et Maguy Marin.
Le site du Ballet du Semperoper de Dresde
Olivier Brunel
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