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Un autre requiem de guerre

Bruxelles
La Monnaie
10/24/2014 -  et 25, 26*, 28, 29, 30, 31 octobre, 1er, 2 novembre 2014
Nicholas Lens: Shell Shock (création)
Claron McFadden (soprano), Sara Fulgoni (mezzo-soprano), Gerald Thompson (contre-ténor), Ed Lyon (ténor), Mark S. Doss (basse), Gabriel Crozier, Gabriel Kuti, Theo Lally (ragazzi soprano)
Chœurs de la Monnaie, Martino Faggiani (chef des chœurs), Orchestre symphonique de la Monnaie, Koen Kessels (direction)
Sidi Larbi Cherkaoui (chorégraphie, mise en scène), Eugenio Szwarcer (décors, vidéo), Khanh Le Thanh (costumes), Willy Cessa (éclairages)




La Monnaie a l’habitude de programmer un requiem autour de la Toussaint. Dans le cadre de la commémoration de la Première Guerre mondiale, celui de cette année a été commandé à Nicholas Lens, né en 1957 à Ypres, théâtre d’abominables combats durant ce conflit. Sous-titré A Requiem of War, Shell Shock se situe au croisement de l’opéra et de l’oratorio: douze cantos, sur un livret en anglais de Nick Cave, artiste pluridisciplinaire de nationalité australienne, évoquent en une heure et demie les traumatismes que cette tragédie a engendrés. Chaque chant se concentre sur un acteur du drame: le soldat (disparu, tombé à la guerre, inconnu, survivant, colonial), le déserteur, l’infirmière, la mère, l’orphelin. Bien que recourant à des moyens traditionnels (un orchestre, un chœur, cinq solistes de tessitures différentes et des voix d’enfants), l’œuvre renouvelle de façon relativement personnelle un genre a priori dépassé. Un des textes du programme établit un rapprochement non dénué de sens avec le War Requiem, exécuté d’ailleurs l’année passée, mais il vaut mieux ne pas comparer la qualité musicale de l’ouvrage de Lens avec celle du chef-d’œuvre de Britten.


Le compositeur développe un idiome ni daté ni moderne mais cohérent et unifié, sans référence à d’autres styles musicaux plus ou moins populaires, comme le jazz, le rock ou la variété. Le langage se caractérise par une tonalité élargie, à la limite, parfois, de l’atonalité mais la ligne de chant reste lyrique. L’orchestration présente peu d’originalité: expressive et tendue, la musique progresse tel un flux compact et uniforme, duquel émerge de temps à autre un instrument soliste et des percussions. Cette œuvre sincère et parfois impressionnante ne paraît toutefois pas suffisamment singulière pour s’imposer indépendamment de cette production.



(© Filip Van Roe)


La mise en scène de Sidi Larbi Cherkaoui accorde à la danse une place prépondérante mais la chorégraphie développe une interprétation par trop esthétisante de cette guerre. A défaut d’émouvoir, ce spectacle cohérent et pensé invite au moins à la réflexion. La scénographie comporte de remarquables effets visuels, notamment grâce à l’utilisation évocatrice et illustrative de la vidéo et à la manipulation suggestive de voiles blancs et de brancards. Les costumes inscrivent explicitement le spectacle dans le contexte de la Première Guerre mondiale mais l’anachronisme de certains d’entre eux rappelle que les souffrances ne se limitent pas à l’effroyable suicide collectif survenu en Europe il y a un siècle. Le spectacle présente malgré tout un intérêt incontestable grâce encore à la prestation aboutie de l’orchestre, dirigé par Koen Kessels, des solistes, humbles et concernés, et des choristes, placés, immobiles, sur un escalier aux marches géantes, à l’image de ces cibles à atteindre au fusil dans les fêtes foraines.


Le site de Nicholas Lens
Le site de Nick Cave



Sébastien Foucart

 

 

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