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Turandot au Volksoper, ou comment proportionner ses ambitions à ses possibilités

Vienna
Volksoper
10/18/2014 -  et 22, 26 31 octobre, 4, 8 novembre 2014
Giacomo Puccini : Turandot
Melba Ramos (Turandot), Jeffrey Treganza (Altoum), Petar Naydenov (Timur), Neil Shicoff (Calaf), Caroline Melzer (Liù), Daniel Ochoa (Ping), Garrie Davislim (Pang), Alexander Pinderak (Pong), Yasushi Hirano*/Ben Connor (Un mandarin), Elèves de l’école danse du Staatsoper de Vienne
Chor der Wiener Staatsoper, Thomas Böttcher (chef de chœur), Orchester der Wiener Staatsoper, Guido Mancusi (direction musicale)
Renaud Doucet (mise en scène), André Barbe (costumes et décors), Guy Simard (lumières)


(© Barbara P. Iffy)


Cette production de Turandot reprend la mise en scène de Renaud Doucet (et les costumes d’André Barbe), telle que donnée en 2006 au Volksoper, où l’opéra de Puccini avait alors fait son entrée au répertoire. On y retrouve aussi la soprano Melba Ramos – à l’époque chantant Liù, aujourd’hui dans le rôle-titre.


Créée à Montréal en 1984, la mise en scène joue ostensiblement la carte de la superproduction; une débauche de couleurs et de costumes inspirés de formes d’insectes traversent la scène durant les trois actes. L’idée d’une association avec les insectes se défend bien – un bourreau en forme de mante religieuse, pourquoi pas en effet? – et donne des moments spectaculaires: l’entrée du chœur d’enfants sous forme d’une file de lucioles est par exemple d’une magnifique simplicité.


Malheureusement, le spectacle ne tient pas toutes ses promesses. Premier écueil: le simili-réalisme des scènes d’action. Sans se faire apôtre d’une abstraction purement intellectuelle, une certaine distanciation vis-à-vis du réel permet à l’esprit de combler avantageusement les limitations de la scène. A trop vouloir montrer, on oscille rapidement entre grotesque et obscène, et la scène de torture de Liù n’est sauvée que par la performance vocale immaculée de Caroline Melzer. Deuxième écueil: une chorégraphie surchargée. On ne peut qu’admirer le travail titanesque imposé aux chanteurs et figurants pour mémoriser et réaliser tous ces mouvements plus de 2 heures durant. Une telle profusion peut cependant lasser, et aurait nécessité une exécution rigoureusement parfaite, ce que la proximité avec la scène rend quasiment impossible: le moindre détail, la moindre hésitation ou manque de synchronisation sautent cruellement aux yeux de ceux assis au parterre; gageons que les spectateurs du poulailler auront pour le coup plus apprécié le spectacle visuel.


Vocalement, la distribution est contrastée: le ténor Neil Shicoff, dans le rôle de Calaf, est très acclamé – à notre sens plus en hommage à sa longue carrière qu’à sa seule prestation de la soirée. A plus de 65 ans, il fait certes preuve d’une puissance impressionnante, mais montre aussi certaines faiblesses que son large vibrato ne suffit pas toujours à masquer. Caroline Melzer incarne une Liù autrement plus touchante (bien qu’un peu figée visuellement), et projette une voix exquisément timbrée sur l’intégralité de la tessiture. Autre réussite éclatante: la Turandot glaçante de précision et sans faille, personnifiée par Melba Ramos. Il existe sûrement des chanteuses plus expressives ou fantasques dans ce rôle, mais son interprétation épurée est porteuse de sentiments nuancés et profonds. Et même les respirations les plus difficiles se fondent sans heurt dans son phrasé musical. Les trois ministres, Ping, Pang et Pong tirent également avec brio leur épingle du jeu.


Enfin, les musiciens de l’orchestre s’engagent avec en confiance sous la direction de l’expérimenté Guido Mancusi. Un son compact et clair, profond mais précis imprime une ligne directrice nette a la partition. Une efficacité dans la fosse en contraste avec l’énergie dispersée sur la scène.



Dimitri Finker

 

 

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