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En quête de sens Paris Théâtre des Champs-Elysées 02/08/2001 - Franz Schubert : "Rosamunde", ouverture, D. 644 Ludwig van Beethoven : Concerto pour piano n° 3, opus 37 Richard Strauss : Ainsi parlait Zarathoustra, opus 30
Maria-Joao Pires (piano) Orchestre national de France, Emmanuel Krivine (direction)
A nouveau, le concerto et le poème symphonique sont précédés par une ouverture, mais, cette fois-ci, avec un certain souci d’originalité, puisque c’est celle de Rosamunde de Schubert. Malheureusement, solide, voire épais et manquant de clarté, Emmanuel Krivine mène un orchestre aux attaques imprécises et à la justesse fluctuante.
Très attendue, Maria-Joao Pires déroute dans le Troisième concerto de Beethoven. Cette œuvre tendue et dramatique, hommage d’un romantique au concerto composé par Mozart dans la même tonalité d’ut mineur, possède une forte logique interne et appelle une ligne directrice claire, menant de l’introduction menaçante à la péroraison optimiste. La pianiste portugaise choisit plutôt de jouer sur de savants contrastes d’attaques et de touchers, qu’elle réalise de manière éblouissante. On chercherait toutefois vainement une quelconque cohérence dans cette approche centrée sur le détail, oscillant entre distance et maniérisme, faite de soubresauts, d’interjections percussives succédant à d’évanescents frôlements du clavier. Ces changements d’humeur brutaux surprennent dans l’allegro con brio, pris dans un tempo assez retenu, et rompent la rêverie du sublime largo, mais conviennent mieux au caractère plus fantasque du rondo final. L’accompagnement orchestral, sans aspérités, reste trop souvent approximatif et peu inspiré.
Etrangement, dans le troisième et dernier des Klavierstücke D. 946 de Schubert donné en bis, Pires, admirable de vie et d’énergie, trouve enfin la dynamique indispensable à une telle pièce, d’ailleurs très beethovenienne d’esprit dans ses sections extrêmes, même si une plus grande souplesse n’aurait pas nui à la partie centrale.
Enfin, Krivine galvanise avec vigueur et conviction son orchestre dans un Ainsi parlait Zarathoustra opulent, voire épais et touffu, mais très coloré. Ici, pas plus que dans Beethoven, et malgré le thème de ce poème symphonique, ce n’est pas la quête du sens qui prime, mais cette musique ne perd nullement à être considérée comme un spectaculaire voyage d’agrément.
Concert diffusé sur France Musiques le jeudi 15 février à 20 heures.
Simon Corley
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