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Comment réunir Goethe et Rilke

Bruxelles
Flagey, Studio 4
09/26/2014 -  
Frank Martin: Die Weise von Liebe und Tod des Cornets Christoph Rilke
Felix Mendelssohn: Die erste Walpurgisnacht, opus 60

Michèle Losier (mezzo), Birgit Remmert (alto), Peter Lodahl (ténor), Konrad Jarnot (baryton), Iain Paterson (basse)
Chœurs de la Monnaie, Martino Faggiani (chef des chœurs), Orchestre symphonique de la Monnaie, Daniel Kawka (direction)


D. Kawka


Quel magnifique programme. Le texte de présentation explique le lien, finalement ténu, entre Le Chant de l’amour et de la mort du cornette Christoph Rilke (1942-1943) de Frank Martin et La Première Nuit de Walpurgis (1843) de Felix Mendelssohn : «rencontre entre mythe et histoire», admiration des deux compositeurs pour Bach, dépassement chez l’un comme chez l’autre des «conventions établies de longue date tout en perpétuant des éléments traditionnels». La Monnaie se rappelle que la disparition du compositeur suisse est survenue il y a quarante ans, et c’est peut-être bien cela le plus important, surtout que ses œuvres restent rares au concert. Celle retenue ce soir à Flagey, majeure dans le catalogue de son auteur, occupe la première partie, de sorte que le concert forme un diptyque inégal puisque l’œuvre de Mendelssohn, elle aussi peu souvent exécutée, dure deux fois moins longtemps. Les deux requièrent des moyens différents : si une seule mezzo chante les vingt-trois poèmes de Rilke, le texte de Goethe est confié à quatre solistes et à un chœur, ce dernier très sollicité.


Et quelle magnifique acoustique que celle du Studio 4, dont la dimension et les matériaux assurent le confort d’écoute et l’intimisme – l’Orchestre de la Monnaie s’y produira d’ailleurs souvent cette saison. Cela permet d’apprécier tout particulièrement le travail de fond effectué par Daniel Kawka, qui remplace Jérémie Rhorer. Le directeur musicale de l’Ensemble orchestral contemporain, à ne pas confondre avec l’Ensemble intercontemporain, règle rigoureusement la mise en place et veille constamment à l’équilibre entre les forces en présence. Dans Le Cornette et, plus encore, La Première Nuit de Walpurgis, l’orchestre, qui n’affiche pas toujours autant de tenue et de plénitude dans la fosse, restitue les couleurs romantiques et fantastiques avec un sens de l’évocation certain. Ce chef ne l’avait jamais dirigé auparavant : Peter de Caluwe peut lui confier la direction d’une prochaine production d’opéra le cœur tranquille.


Le bilan vocal s’avère lui aussi excellent. Le public n’oubliera pas de sitôt l’interprétation éloquente de Michèle Losier qui met sa compréhension du texte et son timbre de grande beauté au service de la splendide œuvre de Martin. Bien que celle-ci dure près d’une heure, la mezzo canadienne ne suscite aucune lassitude, que du contraire, grâce à une déclamation variée et à une ligne de chant impeccable. Les solistes dans Mendelssohn attirent moins l’attention, à l’exception de Konrad Jarnot et, dans une moindre mesure, de Iain Paterson. Le chœur, en excellente forme, constitue en fin de compte le protagoniste principal de cette ballade fulgurante et fantastique. Martino Faggiani salue à chaque fois le visage figé et raide comme un piquet, mais le Monnaie peut être fier de disposer d’un tel chef de chœur.


Le prochain concert de l’orchestre se tiendra déjà le 11 octobre, cette fois au Palais des Beaux-Arts. Ludovic Morlot le dirigera dans la Cantate profane de Bartók et dans trois œuvres de Ravel, le Concerto pour la main gauche et celui en sol majeur, avec Steven Osborne, ainsi que des fragments symphoniques de Daphnis et Chloé. Quant à Frank Martin, la Monnaie programme le 10 mars à Flagey l’oratorio de chambre Le Vin herbé sous la direction de Hans-Christoph Rademann.


Le site de Daniel Kawka



Sébastien Foucart

 

 

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