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Pas banal

Berlin
Philharmonie
09/05/2014 -  et 31 août, 1er, 2 (Dresden), 7 (Frankfurt am Main), 9 (Köln), 10 (Dortmund) septembre 2014
Sofia Goubaïdoulina: Concerto pour violon n° 2 «In tempus praesens»
Anton Bruckner : Symphonie n° 9 en ré mineur (version Nowak)

Gidon Kremer (violon)
Sächsische Staatskapelle Dresden, Christian Thielemann (direction)


C. Thielemann (© Kai Bienert)


Un peu moins couru que les concerts d’ouverture, le troisième concert orchestral de la Musikfest Berlin affichait cependant pour la troisième fois dans son histoire l’un des meilleurs orchestres de l’Allemagne réunifiée, celui de Dresde, avec son prestigieux nouveau directeur musical, Christian Thielemann. Avec comme soliste le violoniste letton Gidon Kremer et un programme peu banal, ils ont remporté un triomphe bien mérité.


Sofia Goubaïdoulina, née à Kazan en 1931, fait partie des compositeurs ayant fait leurs classes en Union soviétique, avec un assistant de Chostakovitch (comme nous l’apprend le programme... sans préciser lequel), ayant connu la censure et les «listes noires» et, le succès venant, ont préféré s’installer «à l’Ouest», en Allemagne près de Hambourg dans le cas précis. In tempus praesens, son deuxième concerto pour violon, commande de la Fondation Paul Sacher, fut créé en 2007 par Anne Sophie Mutter. L’analyse de l’œuvre par Martin Wilkening publiée par le programme nous apprend que Gidon Kremer aurait proposé à la compositrice dans un taxi moscovite d’écrire un concerto pour violon, ce qu’elle fit en 1980 avec Offertorium, dont la création par Kremer en 1980 fut le point de départ de son succès international. C’est donc un juste retour des choses qu’il soit aujourd’hui à nouveau son interprète.


Petite digression concernant les programmes de salle: pourquoi ceux de ce festival, désormais très fréquenté par les touristes majoritairement asiatiques nombreux à Berlin en cette fin d’été, ne comportent-ils aucune traduction, ne fût-ce qu’en anglais? S’agissant d’œuvres souvent hors des sentiers battus, ce serait le minimum de considération pour cette partie non négligeable du public.


Grande et belle œuvre que ce concerto d’une longueur d’environ 40 minutes, en un seul mouvement organisé en cinq sections dans l’avant-dernière desquelles s’inscrit une impressionnante cadence, solo qui revient tout à fait à la fin tout comme il ouvrait l’œuvre avec treize mesures. L’effectif orchestral énorme, de type symphonique avec des percussions très variées (un tam-tam jouant un rôle prédominant fait penser que le contexte de guerre rituelle est omniprésent dans l’œuvre), convoque aussi deux harpes, un xylophone, un harmonium, un piano et un clavecin. L’écriture est toujours lyrique, privilégie les chromatismes et ne fait pas la partie facile au violon avec des passages de grande virtuosité. Si Gidon Kremer se joue de ces difficultés, sa sonorité un peu grêle est parfois couverte par les tutti de l’orchestre volontiers absorbants. En bis et «pour faire un contraste salutaire avec le caractère très dramatique du concerto», Kremer à joué une très apaisante Sérénade de l’Ukrainien Valentin Silvestrov, présent dans la salle.


Pas de contraste violent avec l’œuvre suivante, la Neuvième Symphonie dédiée, comme on le sait, par Anton Bruckner «au bon Dieu»! Thielemann n’a aucune complaisance pour les longueurs brucknériennes et fait avancer son orchestre sans s’appesantir sur détails et transitions. Les trois mouvements de l’œuvre donnée dans la version Novak passent comme un songe tant il sait en négocier l’articulation de toutes les sections. L’orchestre a une sonorité, un fondu superlatifs, on ne peut rêver meilleure cohésion entre ses pupitres. L’acoustique légendaire de la salle n’est pas étrangère à une telle réussite.



Olivier Brunel

 

 

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