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Thiré

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Rameau sous les étoiles

Thiré
Miroir d’eau et Eglise
08/23/2014 -  et 24* août 2014


Prendre l’autoroute A 10 de Bordeaux à Paris puis, aux environs de Niort, prendre ensuite l’autoroute A 83 en direction de Nantes. Après environ une heure de route, tourner à la sortie de Sainte-Hermine et, dans le bourg, suivre ensuite la pancarte qui indique le village de Thiré. Nous sommes là au fin fond de la Vendée, presqu’à mi-chemin entre Luçon et Fontenay-le-Comte, dans un village qui vit pendant une semaine (du 23 au 30 août), et ce pour la troisième année, au rythme de la musique baroque. Au rythme de la musique baroque? En est-on vraiment sûr? La question mérite d’être posée car, en vérité, Thiré vit plutôt au rythme de William Christie, qui est non seulement l’habitant le plus célèbre de la bourgade depuis qu’il y a acheté, voilà trente ans, une vieille demeure datant de 1580, merveilleusement réhabilitée depuis et agrémentée de splendides jardins, mais qui est également le grand maître d’œuvre de la programmation musicale de ce festival. D’ailleurs, les grandes affiches qui s’étalent dans les rues ne laissent guère de doute sur ce point puisqu’elles arborent la mention, en gros caractères, «Dans les Jardins de William Christie», les sites Internet à consulter s’appelant par ailleurs «www.festivalchezwilliamchristie.vendee.fr» ou «www.jardindewilliamchristie.fr»...



W. Christie (© Sébastien Gauthier)


Un des premiers mérites de cette manifestation est d’être populaire, au sens le plus noble du terme, dans la mesure où William Christie, célèbre claveciniste et chef d’orchestre d’origine américaine (il a obtenu la nationalité française en 1995), n’a pas hésité (notamment grâce à des tarifs des plus raisonnables) à mettre à la portée de tous, à commencer par les habitants de Thiré, des villages et villes avoisinants, non seulement ses jardins mais aussi la musique baroque dont l’accès semble, du moins dans l’imaginaire collectif, assez rapidement réservé à une sorte d’élite. Et c’est donc avec un plaisir non dissimulé que le public se presse, en couples, en amis, en famille bien souvent, dans les méandres d’un jardin acquis en 1987 (deux ans après l’achat de la bâtisse) et qui n’a cessé d’être agrémenté, agrandi et embelli au fil du temps pour atteindre aujourd’hui près de 2,5 hectares, l’ensemble de la propriété couvrant environ 12 hectares.


Ce qui frappe de prime abord dans ce jardin, c’est à la fois son extraordinaire diversité en même temps que sa relative simplicité. Simplicité puisque, pour l’essentiel, l’architecture du jardin repose seulement sur une espèce d’arbre (des tilleuls) et sur deux sortes d’arbustes (des ifs et des charmilles). Certes, on y croise aussi d’autres espèces (des cyprès et des pins parasols dans la Pinède par exemple) sans compter de multiples sortes de fleurs (notamment des roses en grand nombre mais aussi des cosmos et des dahlias) mais ce sont là néanmoins des éléments accessoires à côté des trois espèces emblématiques qui structurent le jardin de William Christie.


Quant à la diversité, elle repose en premier lieu sur les nombreuses influences qui ont présidé à l’agencement du jardin. Qu’il s’agisse du Théâtre de verdure aux arbustes taillés en forme de pagodes chinoises (lointain héritage du style que, quelque peu perfidement, les Français avaient qualifié au XVIIIe siècle d’«anglo-chinois»), de l’escalier serlien (du nom de l’architecte italien de la Renaissance Sebastiano Serlio) qui fait le lien entre les terrasses et la maison, du Miroir d’eau ou de la Pinède, on perçoit sans difficulté les influences qui ont inspiré William Christie même si les formes historiques ne sont pas reproduites à l’identique. Ainsi, lorsqu’on se trouve face au cloître, la fontaine qui, normalement devrait se trouver soit au centre, soit sur l’axe principal de celui-ci, frappe par son emplacement décalé, sur le côté d’un mur: sans que l’harmonie du lieu soit rompue pour autant, les formes classiques sont oubliées pour être totalement revisitées.



Les pagodes du Théâtre de verdure (© Sébastien Gauthier)


Mais la diversité du jardin repose également sur la mise en valeur d’espaces très différenciés, les massifs de fleurs et les arbustes taillés en formes géométriques côtoyant aussi bien un vaste verger (où poiriers et pommiers croulent actuellement sous les fruits) qu’un potager (où poussent divers légumes et herbes aromatiques), sans oublier la présence de deux passerelles en bois qui enjambent, au fond du jardin, la Smagne, petite rivière de la région dont le cours a été volontairement préservé, l’agencement du jardin ayant ainsi totalement pris en considération ses méandres et ses caprices.


Au-delà du lieu en lui-même, le jardin de William Christie est également un lieu de concerts. Le festival de Thiré offre en effet diverses manifestations qui, à l’image des saisons ou du temps qui rythment la vie d’un jardin, organisent une bonne partie de la journée à laquelle peut assister le public. Sur le plan artistique, William Christie fait appel à des musiciens et chanteurs d’horizons assez divers puisque venant aussi bien des Arts Florissants (qu’il s’agisse de l’orchestre ou du chœur) que du Jardin des Voix ou de la Juilliard School, la troisième édition du festival ayant également fait appel à quatre instrumentistes des Arts Flo Juniors. Ainsi, chaque après-midi, à partir de 15 heures 45, divers petits concerts (en général d’une durée dépassant à peine le quart d’heure) ont lieu en divers endroits du jardin, qui au «Pont chinois», qui au «Jardin rouge», qui au «Mur des Cyclopes»... Et c’est de cette façon que l’on peut naviguer en un clin d’œil de trios pour flûtes de Boismortier ou Hotteterre (joués par la jeune flûtiste américaine Melanie Williams et les deux flûtistes des Arts Flo, Sébastien Marq et Serge Saitta) à de magnifiques airs de Sébastien Le Camus (chantés par Paul Agnew, accompagné au théorbe par Thomas Dunford) en passant par des duos pour violons de Leclair (donnés par Florence Malgoire et Catherine Girard), des pièces pour clavecin de Rameau (jouées par Paolo Zanzu) ou des airs tirés d’Atys et de Médée chantés par Elodie Fonnard et Reinoud Van Mechelen (tous deux lauréats du Jardin des Voix en 2011), accompagnés notamment au clavecin par William Christie en personne. Face à un public attentif comme on aimerait en rencontrer plus souvent, les musiciens présentent ainsi de manière très simple l’œuvre, son auteur le cas échéant ainsi que le contexte de sa composition avant de se jeter à corps perdu dans la musique, suscitant à chaque fois des applaudissements véritablement enthousiastes. Cette proximité immédiate entre les musiciens et les spectateurs permet d’ailleurs à ces derniers de s’adresser à eux à la fin du concert, de leur poser des questions, de leur faire partager leur émotion et le plaisir qu’ils ont éprouvé à entendre certains morceaux... autant d’éléments qui confèrent à ces concerts une dimension véritablement familiale et amicale.



Un concerto de Vivaldi sur les rives de la Smagne
(© Sébastien Gauthier)



Ensuite, l’après-midi se conclut invariablement par un concert de plus grande ampleur qui a lieu en principe en haut des Terrasses, le public passant de quarante à cinquante spectateurs à près de deux cents, sauf lorsque les caprices météorologiques obligent tout ce petit monde à se réfugier dans une des grandes tentes installées par ailleurs en deçà de la Pépinière. Ainsi, on a pu entendre cette année aussi bien quelques extraits du spectacle «Rameau, maître à danser», chanteurs et musiciens étant tous placés sous la direction du maître des lieux, avant d’apprécier, le lendemain, des extraits des danses des Indes galantes sous la houlette, cette fois-ci, de Florence Malgoire, premier violon des Arts Florissants.



Le concert de fin d’après-midi sur la terrasse
(© Sébastien Gauthier)



Puis, après une pause où chacun peut se restaurer tranquillement (voire pique-niquer dans le jardin), voici venu le tour du grand concert du soir, qu’il se tienne devant le Miroir d’eau, auquel font face quatre à cinq cents fauteuils pour le public, ou dans l’église de Thiré, qui peut, pour sa part, accueillir environ deux cents personnes. Les concerts donnés sur le Miroir d’eau permettent de représenter des ouvrages nécessitant un nombre conséquent de chanteurs, musiciens et éventuellement danseurs tandis que ceux donnés dans l’église sont davantage axés sur la musique religieuse. Enfin, nouveauté depuis l’année dernière, les journées se concluent toutes par ce que l’on appelle «Les Méditations» qui, sous la houlette de Paul Agnew, permettent d’écouter de la musique intimiste, à la lueur des bougies, au cœur de l’église, dans des programmes qui ne dépassent jamais la demi-heure, concluant ainsi de manière presqu’irréelle des journées musicales déjà fort riches, chacun en conviendra.



Le concert du soir sur le Miroir d’eau (© Sébastien Gauthier)


23 et 24* août, 20 heures 30 (Miroir d’eau)
«Rameau maître à danser»
Jean-Philippe Rameau : Daphnis et Eglé [1] – La Naissance d’Osiris [2]

Reinoud Van Mechelen [1] (Daphnis), Elodie Fonnard [1] (Eglé), Magali Léger (Amour [1] et Pamilie [2]), Arnaud Richard (Grand Prêtre [1] et [2]), Pierre Bessière [2] (Jupiter), Sean Clayton [2] (Un berger), Nathalie Adam, Robert Le Nuz, Anne-Sophie Berring, Andrea Miltnerova, Ari Soto (danseurs)
Chœur des Arts Florissants, Etudiants de la Juilliard School, Arts Flo Juniors, Orchestre des Arts Florissants, William Christie (direction)
Sophie Daneman (mise en espace), Françoise Denieau (chorégraphie), Alain Blanchot (costumes)



(© Sébastien Gauthier)


Qu’il s’agisse de la longue fréquentation que William Christie entretient avec Rameau – comme il nous l’a confié dans un entretien, sa découverte du compositeur français en tant que praticien date des années 1960 – ou de l’occasion offerte par le deux cent cinquantième anniversaire de sa mort, les prétextes pour donner une œuvre de Rameau dans le cadre du festival de Thiré ne manquaient pas. Et ce sont donc deux actes de ballets que William Christie a choisi de diriger pour les deux premiers concerts du festival devant se dérouler sur le Miroir d’eau. Face à la grande scène flottante, reliée à la rive par un seul petit ponton et autour de laquelle batifolèrent quelques cygnes pendant la représentation, ce sont près de cinq cents spectateurs qui prennent place, baignés par la douceur d’une soirée estivale assez exceptionnelle. Car vivre de la musique baroque de la sorte, qui plus est lorsqu’il s’agit de petits opéras requérant une vingtaine d’instrumentistes et une quinzaine de chanteurs (sans compter quelques danseurs), au milieu de la campagne vendéenne, dans un cadre bucolique, les sièges étant disposés sur l’herbe, sous un ciel aux reflets mauves et orangés est une expérience véritablement singulière.


Daphnis et Eglé (1753) porte le sous-titre de «pastorale héroïque» mais ce qualificatif ne doit pas nous induire en erreur: l’action n’a rien d’héroïque et l’aspect pastoral des choses n’intervient qu’à la marge. De courte durée, l’œuvre est bâtie sur un livret de Charles Collé (1709-1783) tournant autour d’un sujet éculé, la frontière parfois ténue entre l’amitié et l’amour: comme l’écrit très justement Philippe Beaussant, «le sujet est mince mais charmant» (Rameau de A à Z, Fayard/IMDA, page 106). Les deux héros pensent qu’ils s’aiment d’une tendre amitié mais, alors qu’ils se rendent au temple pour la sceller auprès des Dieux, un orage éclate: le Grand Prêtre s’élève devant eux pour leur faire comprendre que ce n’est pas l’amitié qui les unit mais un autre sentiment, bien différent, et leur demande donc de se retirer. Alors que Daphnis et Eglé se posent mille questions sur ce courroux soudain, l’Amour apparaît pour les informer de la véritable nature des sentiments qui les unit et qui les pousse à se sentir bien lorsqu’ils sont ensembles. Les deux jeunes amants décident donc de sceller leur sort non pas au temple de l’amitié mais à celui de l’Amour, au milieu de la liesse générale. On notera à cette occasion les libertés prises avec la mythologie puisque, dans Les Fêtes d’Hébé, opéra-ballet que Rameau composa en 1739, Eglé, qui n’apparaît qu’à la troisième entrée, est cette fois-ci aimée d’un berger nommé Eurilas – comme quoi ce ne furent pas les prétendants qui firent défaut à la jeune femme...


Comme son nom l’indique, cet «acte de ballet» fait appel à la danse et à la pantomime; et c’est bien ce qui frappe le spectateur au premier abord grâce à une musique vive et bondissante qui trouve pleinement à s’exprimer lors des Sarabande, Gavotte (avec un très beau jeu entre les pizzicati des cordes et les flûtes), Tambourins et autres Passepieds (qui firent appel à toute la dextérité des instruments à anche double, hautbois et bassons). Même si les violons ont parfois manqué de justesse, notamment dans l’Ouverture – les variations hydrométriques ne facilitant pas, il est vrai, la stabilité des cordes en boyau –, l’ensemble orchestral fut des plus convaincants, défendant au mieux une musique pleine d’imagination et de truculence. La participation des danseurs fut également très en phase avec le climat général souhaité, mêlant à la fois grâce et comique comme dans cette magnifique «Pantomime des deux jeunes bergères», où la gestique était véritablement ajustée au millimètre. Côté chant, Reinoud Van Mechelen et Elodie Fonnard défendirent avec beaucoup de conviction les personnages éponymes de l’œuvre, gommant ainsi derrière de beaux duos leur caractère somme toute assez insignifiant. On passera assez rapidement sur la participation de Magali Léger, toujours aussi à l’aise dans ce répertoire, pour mentionner la très belle voix, bien qu’il ne soit pas intervenu très longuement, d’Arnaud Richard, campant un Grand Prêtre de grande classe. Ayant eu recours pour l’occasion à un décor minimaliste (mais amplement suffisant), Sophie Daneman a, de son côté, pleinement réussi à faire évoluer ses personnages de façon très naturelle, utilisant au mieux la totalité de l’espace qui lui était imparti, la vivacité des couleurs des costumes complétant agréablement un spectacle fort réjouissant.



(© Sébastien Gauthier)


La création de La Naissance d’Osiris (1754) est intervenue, presqu’à un jour près, un an après celle de Daphnis et Eglé: il était donc tout naturel que cette pièce, également un «acte de ballet», donc d’une durée comparable à la précédente, soit jouée lors de la seconde partie du concert du soir sur le Miroir d’eau après un entracte d’une vingtaine de minutes. Composé cette fois-ci sur un texte de Louis de Cahusac (1706-1759), qui fut un des librettistes préférés de Rameau, cet ouvrage est une commande officielle destinée aux célébrations de la naissance du duc de Berry, qui devait plus tard monter sur le trône sous le nom de Louis XVI. Là aussi, comme l’écrit – peut-être avec un brin d’ironie – Philippe Beaussant, «Sans prétention, c’est du charmant Rameau» (op. cit., page 226). Et effectivement, tout n’est que liesse et ambiance pastorale, la joie guidant l’intrigue de la première à la dernière note.


D’intrigue, en vérité, il n’y a guère... Si l’on regarde la première édition dont dispose la Bibliothèque nationale de France (mentionnant que l’œuvre fut «Représentée devant le Roi à Fontainebleau le 8 octobre 1754»), on est immédiatement frappé par le fait que le l’œuvre est sous-titrée «La Fête Pamilie, ballet allégorique», l’édition manuscrite précisant en outre que Monsieur de Cahusac était membre «de l’Académie des Sciences et Belles lettres de Prusse», les ballets étant quant à eux de la composition «du Sieur Laval, maître des ballets du Roi». Et le fait est que Pamilie est bien le personnage principal de cette partition. Dès la première scène où intervient un «Chœur un peu gay, sur lequel on danse», Pamilie, entourée de bergères et bergers, chante avec eux la beauté des jours heureux avant de faire une petite crise de jalousie à l’encontre d’un berger dont elle est amoureuse et qui, de son côté, ne pense qu’à une certaine Sylvie. Tout à coup, ce calme bon enfant est interrompu par l’arrivée de Jupiter, dont chacun croit qu’il va abattre sa colère sur les mortels. En fait, il ne vient, secondé par l’Amour et les Grâces, que pour annoncer la naissance d’Osiris (de son héritier en fait... donc du duc de Berry), chacun pouvant ainsi se réjouir de l’heureuse nouvelle dans une liesse aux tonalités pastorales fortement affirmées.


De nouveau, l’orchestre des Arts Florissants, sous la houlette de William Christie, prend un évident plaisir à jouer cette partition qui, dès les premières mesures de l’Ouverture, se teinte de couleurs joyeuses propres à illustrer l’ancienne Arcadie que de si nombreux artistes ont peinte, notamment à l’Age classique. Là encore, les bois (superbe hautbois dans l’air du Berger «Du printemps sur l’herbe fleurie»), les percussions – machine à vent incluse! – lors de la scène de l’orage qui précède la scène 2 et les cordes font montre d’une dextérité à toute épreuve face à une partition certes sans prétention mais qui n’en semble pas moins exigeante à l’égard des musiciens. Les danseurs, qui intervinrent à différents moments du ballet, furent de nouveau enthousiasmants, à l’image des danses débutant la scène 4, pleines d’allégresse, évoluant avec grâce sur la partie de la scène qui leur était dévolue suivant les directives données par Sophie Daneman et Françoise Denieau.


Comme le laissait entendre le sous-titre de l’œuvre, c’est donc Magali Léger, incarnant Pamilie, qui se voyait confier le rôle principal. Qu’elle soit l’amoureuse capricieuse dans son dialogue avec le Berger ou l’annonciatrice des bonnes nouvelles venant du Ciel, la jeune soprano est tout à fait dans son élément, réussissant en plein air quelques ornementations dans l’aigu de toute beauté («Non, non, une flamme volage»). Arnaud Richard, qui incarne de nouveau un Grand Prêtre, use d’une très belle voix, profonde et altière, qui convient idéalement à ses interventions à la scène 2. Si Sean Clayton apparaît en revanche assez falot et ne convainc guère, sa voix étant assez étriquée et son jeu de scène assez peu naturel, on saluera enfin la prestation très réussie de Pierre Bessière qui, dans l’air débutant la scène 3 («Qu’il est doux de régner dans une paix profonde»), ne manque ni de musicalité, ni de grandeur.


Quand on songe au fait que le seul enregistrement disponible de ce ballet a été réalisé en octobre 2005 par Hugo Reyne et sa Simphonie du Marais à Pouzauges (donc à quelques kilomètres de Thiré...), dans le cadre du festival Musiques à la Chabotterie, nul doute que ces terres vendéennes font figure de terre d’élection pour Jean-Philippe Rameau!


23 et 24* août, 22 heures 45 (Eglise)
«Méditations à l’aube de la nuit»
André Campra: Messe à quatre voix «Ad majorem Dei Gloriam» – Motet à voix seule, pour le Saint Sacrement «O sacrum convivium» – Motet à trois voix, du Psaume LXXXIII «Quam dilecta tabernacula»

Maud Gnidzaz (dessus), Paul Agnew (taille), Sean Clayton (basse-taille), Lauret Collobert (basse)
Thomas Dunford (archiluth) et Florian Carré (orgue), Paul Agnew (direction)


Sitôt les derniers applaudissements retombés pour saluer cette Naissance d’Osiris, il faut ensuite se hâter vers l’église de Thiré, à quelques centaines de mètres de là, pour assister à cette deuxième soirée des «Méditations» dont la tonalité était évidemment bien différente de ce que l’on venait d’entendre.


Le principe est simple: écouter de la musique sacrée dans le cadre d’une église de petite taille, éclairée à la seule lueur des bougies posées sur quelques candélabres disposés autour de la scène, avant de se quitter dans le silence ou les seuls murmures (Paul Agnew, maître d’œuvre de ces rencontres, insistant à chaque fois pour que le public n’applaudisse pas, afin de préserver au mieux le moment venant d’être partagé).


Le choix de Paul Agnew pour ce premier programme (donné à deux reprises les 23 et 24 août) s’est porté sur André Campra (1660-1744), exact contemporain de Rameau, dont on célèbre donc le deux cent soixante-dixième anniversaire de la mort, et qui passe pour le créateur du genre de l’opéra-ballet, dont La Naissance d’Osiris était un parfait exemple. Les quatre voix instaurèrent d’emblée un climat totalement extatique pour cette Messe «Ad majorem Dei Gloriam» (1699) d’une stupéfiante beauté, dans laquelle les deux instrumentistes se glissèrent avec tact, les cordes pincées de l’archiluth de Thomas Dunford conférant au discours une note plaintive supplémentaire et toujours pleine de déférence à l’égard de Dieu. La messe fut entrecoupée à deux reprises pour permettre l’audition de deux motets dont le premier, Motet à voix seule, pour le Saint Sacrement «O sacrum convivium» («O banquet sacré»), était confié à la soprano Maud Gnidzaz: un moment de pur bonheur, bien trop court chacun en convenait à la sortie...


Le site du festival Dans les Jardins de William Christie
Le site des Arts Florissants
Le site de Reinoud Van Mechelen
Le site de Magali Léger
Le site d’Arnaud Richard



Sébastien Gauthier

 

 

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