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Pour les Totems

Paris
Maison de Radio France
02/02/2001 -  

Philippe Schoeller : Cinq Totems (création)
Martin Matalon : Trame III (création)
Patrick Marcland : Maldoror



Anssi Karttunen (violoncelle), Philippe Dormoy (récitant)
Chœur de Radio France
Maîtrise de Radio France, Toni Ramon (direction)
Orchestre national de France, Pascal Rophé (direction)

Placée sous le signe du… baroque, l’édition 2001 du Festival Présences s’ouvre par un concert qui met en avant l’essentiel des forces musicales de Radio France et, avec Matalon et Schoeller, deux des compositeurs qui seront plus particulièrement à l’honneur de ce festival.


Trame III, le concerto pour violoncelle de l’Argentin Martin Matalon, peut sans doute mériter ce qualificatif de "baroque". Composé de huit sections enchaînées, ce concerto à la vitalité proliférante n’en dessine pas moins les trois temps traditionnels vif/lent/vif. L’écriture orchestrale, luxuriante et mobile, est d’une telle richesse qu’elle tend à couvrir le soliste, sauf dans la partie centrale, qui rend davantage justice aux qualités lyriques du violoncelle.


Maldoror (1997) de Patrick Marcland témoigne une fois de plus de la fascination que Lautréamont continue d’exercer sur les musiciens. Convoquant un chœur mixte et un chœur d’enfants, cette cantate (?), qui confère au récitant un rôle parfois trop envahissant, est dramatiquement efficace. Si l’écriture chorale ne sort pas d’une certaine grisaille, les longues tenues des cordes ou des voix ponctuées d’interjections des vents et de la percussion, qui évoquent étrangement Berio, se teintent parfois de couleurs modales ou de sonorités raveliennes, dans un mélange d’une grande séduction.


Mais ce sont les Cinq Totems de Philippe Schoeller, donnés en création, qui auront d’emblée marqué cette soirée. Au-delà de Jolivet (titre) et de Schönberg (cinq brèves pièces pour très grand orchestre), ces études de timbres déploient une intelligence conceptuelle et une virtuosité orchestrale qui emportent immédiatement l’adhésion. Depuis les faussement statiques Saharien, Stellaire et Glaciers jusqu’aux déchaînements de Cyclone et Météorique, on ne sait pas ce qu’il faut le plus admirer, tant l’adéquation entre la démarche cosmique du compositeur et le résultat sonore est remarquable.


Tout au long de la soirée, Pascal Rophé, par ses grands gestes clairs, montre résolument le chemin à un Orchestre national qui semble se jouer de la grande complexité de ces trois partitions.


Concert diffusé sur France Musiques le samedi 17 février à 23 heures.




Simon Corley

 

 

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