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Psyché en images Paris Palais Garnier 06/19/2014 - et 21, 23, 25, 27, 29 juin, 1er, 2, 3, 4, 5, 7 juillet 2014 Jerome Robbins : Dances at a Gathering
Frédéric Chopin : Mazurkas opus 6 n° 2 et n° 4, opus 7 n° 4 et n° 5, opus 24 n° 2, opus 33 n° 3, opus 56 n° 2 et opus 63 n° 3 – Valses opus 34 n° 2 et opus 69 n° 2 – Grandes valses brillantes opus 34 n° 1 et opus 42 – Etudes opus 25 n° 4 et n° 5 et opus 10 n° 2 – Scherzo n° 1, opus 20 – Nocturne opus 15 n° 1 Ludmila Pagliero*/Amandine Albisson (en rose), Amandine Albisson/Valentine Colasante*/Laura Hecquet (en mauve), Nolwenn Daniel/Muriel Zusperreguy*/Héloise Bourdon (en jaune), Aurélie Dupont/Sabrina Mallem*/Valentine Colansante (en vert), Charline Giezendanner/Christelle Granier*/Laurène Lévy (en bleu), Mathieu Ganio*/Josua Hoffalt (en brun), Karl Paquette*/Audric Bezard (en violet), Josua Hoffalt*/Pierre-Arthur Raveau/Audric Bezard (en vert), Emmanuel Thibault/François Alu*/Daniel Stokes (en rouge brique), Christophe Duquenne/Nicolas Paul* (en bleu)
Vessela Pelovska (piano)
Jerome Robbins (chorégraphie), Jean-Pierre Frohlich (réglage de la chorégraphie), Joe Eula (costumes), Jennifer Tipton (lumières)
César Franck : Psyché
Laëtitia Pujol/Charline Giezendanner*/Diana Vishneva (Psyché), Marc Moreau/Pierre-Arthur Raveau*/Evan McKie (Eros), Alice Renavand/Stéphanie Romberg*/Laurence Laffon (Vénus), Christelle Granier/Caroline Robert/Charlotte Ranson*/Laurence Laffon* (les deux sœurs)
Chœur Accentus, Christophe Grapperon (chef de chœur), Orchestre de l’Opéra national de Paris, Felix Krieger (direction musicale)
Alexei Ratmansky (chorégraphie), Karen Kilimnik (décors), Adeline André (costumes), Madjid Hakimi (lumières)
Psyché: C. Giezendanner, P.-A. Raveau (© Sébastien Mathé/Opéra national de Paris)
César Franck n’appartient pas à la catégorie des musiciens méconnus, et pourtant, certaines de ses plus belles pages ne recueillent guère les faveurs des grandes salles. Si Psyché est parfois donné en version symphonique condensée – une vingtaine de minutes – l’intégrale avec chœurs se laisse désirer. Une simple entrée dans un moteur de recherche suffira à s’en convaincre. Aussi, lorsque l’Opéra national de Paris eut l’initiative de la programmer pour le ballet, l’évènement ne réunit pas seulement les amateurs de danse, mais aussi force mélomanes venus entendre cette belle partition. En 2011, la performance chorale avait privilégié la couleur. Pour cette reprise, que l’on a confiée à Accentus, placé sous la houlette de Christophe Grapperon, les mots se sont également parés de l’intelligibilité qu’ils n’auraient jamais dû perdre. Sans s’attarder sur les relatives naïvetés du livret, la clarté de la diction restitue parfaitement le halo d’innocence qui illumine la pièce, cette transparence diaphane qui en magnifie la saveur. Peut-être sur une marche inférieure du piédestal, l’orchestre de la maison et Felix Krieger accomplissent davantage la justesse que la poésie ineffable de l’œuvre.
Du point de vue visuel, si le littéralisme de Ratmansky avait servi la redécouverte il y a trois ans, la magie s’est un peu évaporée à la reprise pour ne garder qu’un livre d’images un peu convenues. Non que la profusion un peu kitch ne soit un péché, mais la fable morale antique se complaît ici dans des mirages que n’auraient pas reniés Walt Disney, et les deux sœurs confondent passablement Apulée et Perrault, Psyché et Cendrillon. L’écriture chorégraphique même, fidèle à la tradition, confine à un certain académisme. Il reste au moins la fraîcheur de Charline Giezendanner dans le rôle-titre et la Vénus impérieuse de Stéphanie Romberg enlacée dans sa robe rouge. Pierre-Arthur Raveau démontre plus de maîtrise technique que de sensualité en Eros et la méchante fratrie affirme le caractère qu’il convient dans les chaussons de Charlotte Ranson et Laurence Laffon.
Dances at a Gathering (© Sébastien Mathé/Opéra national de Paris)
Car pour l’imagination du mouvement, c’est vers Robbins qu’il faut se tourner, et ses Dances at a Gathering présentées en première partie de soirée. Sur le piano de Chopin et les doigts de Vessela Pelovska, la mathématique amoureuse apparaît sous son essence combinatoire, délicate, tendre et jamais abstraite. Les couples s’apparient, se mêlent, se dissolvent, se reforment, avec une fluidité admirable, non dénuée d’une touche d’humour, à l’instar de rotations rétrogrades à effet spéculaire, comme des valses hésitations sur les sentiments. Le classicisme épuré a une fois de plus raison sur des suiveurs plus décorateurs qu’inventifs.
Gilles Charlassier
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