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04/14/2006


Ernest Van Dyck, un ténor à Bayreuth (suivi de la correspondance avec Cosima Wagner)
Malou Haine
Editions Symétrie – 272 pages, 35 €



Ernst Van Dyck (1861-1923), créateur du rôle-titre de Werther, n’en fut pas moins l’une des premières grandes vedettes de Bayreuth, où il chanta soixante-deux fois Parsifal entre 1888 et 1912. Les éditions Symétrie publient cent sept lettres rendant compte de sa coopération avec le festival, principalement celles échangées avec sa directrice, Cosima Wagner, restées pour la plupart inédites (et reproduites ici, le cas échéant, en allemand, avec leur traduction en français).


Grâce aux archives de la famille Van Dyck et de la Richard-Wagner-Stiftung, c’est le film de vingt-sept ans (1887-1914) de relations en dents de scie qui est ainsi reconstitué. Au-delà de légitimes exigences réciproques (disponibilité, prétentions financières), tous les climats, de l’enthousiasme à la rupture, de l’espoir à l’amertume, se succèdent entre deux fortes personnalités qui ne peuvent en fait se passer l’une de l’autre: d’une part, Van Dyck, artiste conscient de sa valeur mais désireux de se produire au Festpielhaus; d’autre part, Cosima, impitoyable sur la prononciation de l’allemand («comme nous aimons l’entendre ici»), considérant que le drame est plus important que la musique, ou sur le respect de l’interdiction – largement ignorée dans les faits – de donner Parsifal dans les trente années suivant le décès du compositeur, mais en même temps sensible aux qualités vocales et dramatiques du ténor belge, avec lequel elle était donc contrainte de s’entendre.


D’intérêt inégal, ces lettres sont mises en perspective par une présentation liminaire de Malou Haine, notamment éclairée par la correspondance de Van Dyck avec sa propre famille. Tout à fait remarquable, même si l’on y découvre que Breslau est une «ville proche de la Pologne», ce travail d’une centaine de pages permet de mesurer plus particulièrement la révolution introduite par Bayreuth dans le milieu de l’opéra et, partant, les contraintes imposées aux chanteurs, mettant fin à des usages qui ont d’ailleurs ensuite pour la plupart disparu des autres scènes: représentations données lumières allumées dans la salle, coupures dans la partition, traduction des livrets, saluts au public, ...


En décrivant ainsi la norme de qualité fixée à Bayreuth et, non sans amusement, la ferveur de ceux qui s’y retrouvaient pour communier autour d’une véritable religion, cet ouvrage, outre la vision qu’il donne de la personnalité de Cosima, fournit de nouveaux aperçus de la wagnéromanie de la fin du XIXe siècle, d’autant qu’il est enrichi de nombreuses illustrations (notamment quelques-uns des fameux chromos Liebig) ainsi que d’un index des personnes.


Simon Corley

 

 

 

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