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01/10/2005
Suzanne Giraud – La musique nous vient d’ailleurs
Bruno Serrou
Cig’Art Editions, Collection «Les entretiens de Bruno Serrou» – 29,50 €
Après Betsy Jolas – D’un opéra de voyage et Iannis Xenakis – L’homme des défis, Bruno Serrou poursuit sa collection d’entretiens avec les compositeurs de notre temps par un livre consacré à Suzanne Giraud, sous-titré La musique nous vient d’ailleurs, en clin d’œil à une pièce éponyme pour dix instruments écrite en 1995. Chacun des neuf chapitres de cet ouvrage imposant (près de quatre cents pages), fruit d’un travail de quatre années, porte d’ailleurs le titre de l’une de ses œuvres. Paru à l’occasion de la création de son opéra Le Vase de parfums, il en est fort logiquement préfacé par le librettiste, Olivier Py.
Avec franchise, mais sans impudeur, aiguillonnée par un partenaire qui ne lâche jamais prise, Suzanne Giraud évoque de riches antécédents familiaux et décrit avec une intense lucidité son itinéraire, celui d’une musicienne précoce, extrêmement douée et polyvalente (pianiste, altiste, enseignante, productrice d’émission de radio), fascinée par l’écriture au point d’hésiter longtemps, à l’image de Schumann, entre littérature et musique avant de se vouer entièrement à la composition.
On découvrira au fil des pages des personnalités marquantes, notamment celles des maîtres ou compositeurs – tels Claude Ballif au Conservatoire à Paris, Giacinto Scelsi, rencontré lors de son séjour à la Villa Médicis, Franco Donatoni à Sienne ou Helmut Lachenmann, Wolfgang Rihm et Brian Ferneyhough à Darmstadt – mais aussi les multiples facettes d’une œuvre qui compte désormais une cinquantaine de partitions, de Voici la lune (1982/1986) au Vase de parfums (2004), en passant par le cycle, toujours en construction, des Envoûtements.
Car S. Giraud s’investit dans la présentation de son œuvre avec passion, exactitude mais aussi modestie, n’hésitant pas à qualifier telle pièce de «datée» ou telle autre de «trop rudimentaire». «Quand je vais vers des auditeurs qui ont vraiment envie d’entrer dans ma musique, ont de la curiosité, de la sensibilité, posent des questions précises, montrant ainsi qu’ils sont dans la musique et non pas dans la sociologie, ou dans des choses qui feraient de moi un animal de zoo, je réponds sans compter, je suis heureuse de parler et je peux le faire des heures durant.»: il ne reste plus au lecteur qu’à tirer parti de cette ouverture d’esprit.
Il y est aidé par un langage à la fois précis, fin et sensible, évitant les écueils de la facilité aussi bien que de la technicité, d’autant que certains concepts ou termes font l’objet de notes explicatives. Au demeurant, tout au long du propos, la spontanéité de l’entretien se conjugue avec cette clarté et cette rigueur si typiques de la musique de S. Giraud. S’il est enrichissant en même temps que d’une lecture agréable, l’ouvrage n’en est pas moins pratique, comprenant non seulement un catalogue chronologique des œuvres mais aussi un double index (des œuvres de S. Giraud et des noms cités dans l’ouvrage).
Suzanne Giraud sur ConcertoNet:
Le Rivage des transes (1991)
Crier vers l’horizon (1991)
Envoûtements V (2001)
Envoûtements V (2001)
Le Bel été (2002)
Duos pour Prades (2002)
Le Vase de parfums (2004)
Le site de Cig’Art Editions
suzannegiraud.com
Simon Corley
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