|
Back
11/12/2001
Claude-Henri Chouard
L'oreille musicienne
Les chemins de la musique de l'oreille au cerveau.
Gallimard
22 €.
Comment le son musical chemine-t-il de l'instrument jusqu'à notre cerveau ? Comment est-il émis, transmis, perçu, codé tout le long de ce trajet, voilà ce que Claude-Henri Chouard aide à comprendre dans ce livre tout à fait passionnant. Médecin spécialiste de l'audition à l'hôpital Saint-Antoine à Paris, il décrypte tous ces processus pour son lecteur, que celui-ci soit musicien professionnel ou simple mélomane intéressé par les questions d'acoustique et d'audition.
En guise "d'envoi", quatre interviews : le chef d'orchestre James Conlon, le compositeur György Ligeti, le professeur de chant Janine Reiss et le violoniste Julian Rachline. A chacun, l'auteur pose sur sa pratique des questions similaires dont on découvre la pertinence au fur et à mesure de la lecture de l'ouvrage. Celui-ci se fait en effet ensuite plus technique. Sont étudiés successivement le message sonore (parole, chant, musique), tout l'appareil auditif puis le traitement du son au niveau du cerveau (le propos est parfois un peu ardu pour le non-spécialiste, notamment en ce qui concerne l'anatomie incroyablement complexe de l'oreille interne). Claude-Henri Chouard évoque avec brio quelques polémiques récurrentes comme la question des fluctuations du diapason ou celle de l'oreille absolue avant de s'attarder sur le problème de la dominance cérébrale et des gauchers en musique. Il examine enfin les souffrances de l'oreille musicale, notamment le traumatisme sonore et expose les différents traitements qui existent aujourd'hui.
Le mérite de cet ouvrage est de proposer une synthèse accessible des connaissances d'aujourd'hui, au confluent des techniques musicales, de la médecine, de la biologie, de la physiologie et des sciences cognitives. Il démontre aussi l'incroyable précision et la fragilité de l'appareil auditif humain et le caractère irréversible de certaines atteintes. A ce titre, on peut en conseiller la lecture préventive non seulement aux adeptes du baladeur écouté plein pot mais aussi aux musiciens professionnels qui seraient beaucoup trop peu au fait des traumatismes sonores qui les menacent dans l'exercice de leur métier.
Florence Trocmé
|
