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04/07/2001
Stravinsky à Biarritz
Etienne Rousseau-Plotto
Séguier, collection Carrés Musique, 220 p. 2001, 85 F, 12,96 €
Plutôt que d'une biographie de Stravinsky, il s'agit ici d'un essai sur les trois années que le compositeur passa à Biarritz, avec sa famille, de 1921 à 1924. Essai construit autour d'une thèse formulée par l'auteur et qu'il défend avec conviction et de nombreux arguments : le séjour basque représente une étape majeure dans la vie et l'œuvre de Stravinsky. Il ne s'agit ni d'un ouvrage de musicologie ni d'une biographie complète, mais plutôt de variations sur trois thèmes : pourquoi la côte basque ? ; la vie familiale à Biarritz ; les œuvres composées pendant ce séjour. En fait un chapitre de la vie du musicien.
Lorsqu'il quitte la Russie, à l'époque de la Grande Guerre et de la révolution, Stravinsky se réfugie d'abord en Suisse, puis après une période assez agitée au cours de laquelle il séjourne notamment chez Coco Chanel à Garches, il se fixe avec toute sa nombreuse famille à Anglet d'abord puis à Biarritz. Le livre décrit avec force détails (parfois un peu trop, a-t-on vraiment besoin de connaître le nom des agences de location à Biarritz ?) et à partir de nombreuses anecdotes, savoureuses, très vivantes, la vie de travail et la vie de famille, la vie amoureuse, les relations de Stravinsky, les amis et les artistes, la colonie russe.
Bref, une excellente évocation qui s'appuie sur quelques photos bien choisies et de nombreux textes ; on suit par exemple la genèse de la transcription pour piano de Pétrouchka, une des principales œuvres élaborées à Biarritz, en comparant les explications quelque peu divergentes données à propos de ce travail par Stravinsky et par Arthur Rubinstein ! On découvre aussi Stravinsky au travail, avec ses rituels et on s'amuse de la description de l'extraordinaire petit appareil qu'il a mis au point, « son truc à lui pour tracer les portées », dit encore Rubinstein !
En vérité les œuvres élaborées à Biarritz, principalement la transcription pour piano Trois mouvements de Pétrouchka, l'opéra Mavra, l'Octuor, le Concerto pour piano et la Sonate ne sont peut être pas les plus fondamentales de l'œuvre entière. Mais elles représentent un tournant. C'est tout l'intérêt de cet ouvrage de s'arrêter sur cette période et d'en dresser sous les yeux du lecteur à la fois une sorte de bilan et un panorama très documenté. Et ce n'est sans doute pas un hasard s'il est publié dans l'excellente collection des Carrés Musique, dont l'éditeur Séguier est installé à…Biarritz.
Florence Trocmé
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