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03/27/2001 Joseph Canteloube
Jean-Bernard Cahours d'Aspry Séguier, collection Carrés Musique
Les Chants d'Auvergne immortalisés par Victoria de Los Angeles, Kiri Te Kanawa ou Frederica Von Stade, ont fait le tour du monde. Mais que sait-on de plus, généralement, de leur auteur Joseph Canteloube ? C'est tout le mérite de ce petit ouvrage, succinct mais très bien documenté, que de donner de solides aperçus sur ce que furent la formation, les années de jeunesse et de création, l'œuvre de ce musicien méconnu. Il est publié dans l'excellente collection des Carrés Musique récemment lancée par les Editions Séguier. lire l'article sur cette collection
Né en 1879, Joseph Canteloube a grandi au sein de la nature pour laquelle il a éprouvé un sentiment très profond qui allait imprégner toute son œuvre. Il reçoit une formation un peu chaotique : manifestant des dons précoces, il est d'abord initié à la musique par sa mère. Puis entrent en scène deux extraordinaires vieilles demoiselles, les sœurs Doetzer, dont l'une révèle un jour qu'elle est une disciple directe de Frédéric Chopin : elle fait travailler le petit Joseph dans une méthode de piano entièrement écrite de la main du musicien et où on trouve, presque à chaque page, l'expression « faire chanter le clavier » ! Canteloube deviendra sous cette double houlette un excellent pianiste. Il entre ensuite en relation avec Vincent d'Indy et surtout Déodat de Séverac qui fut son grand ami. De ce dernier, alors qu'il se cherche encore, il recevra ce conseil « chantez votre pays, votre terre », conseil qui se révèlera capital et dont il allait tirer un immense profit. Sous l'impulsion de Vincent d'Indy, Canteloube finit par se résigner à quitter sa chère propriété du Lot, Malaret, pour venir se former à la Schola Cantorum. Jean-Bernard Cahours d'Aspry brosse à grands traits l'évolution de Canteloube et retrace l'histoire de ses œuvres. L'accent est mis sur l'immense travail accompli dans le domaine de la collecte et de l'harmonisation, bref de la sauvegarde du patrimoine de la chanson populaire, en Auvergne bien entendu, mais pas uniquement, puisque le musicien saura aussi s'intéresser à l'Espagne ou à la Roumanie et recueillir des chants de gitans. Musicien folkloriste, parfois qualifié à cet égard de « Bartok français », il recueillit près de 1500 chansons et publia en 1949 une Anthologie des chants populaires en quatre volumes qui reste un monument capital dans l'histoire de notre patrimoine. On découvre aussi qu'il fut un des premiers à deviner le rôle didactique de la T.S.F. naissante : il y produisit des concerts-conférences et des émissions sur le chant populaire. Il disparut en 1957.
L'auteur montre bien comment Canteloube utilise tout l'immense corpus recueilli comme source d'inspiration directe ou indirecte dans ses œuvres qui conjuguent un double héritage, celui de Debussy et celui de Vincent d'Indy. C'est ainsi qu'il harmonise de nombreux chants d'Auvergne pour en faire de vrais petits poèmes symphoniques, ou qu'il utilise un climat ou un motif dans ses œuvres lyriques parmi lesquelles le Mas ou Vercingétorix.
Concluons avec l'auteur qui dit espérer « que cette petite étude permette d'exciter la curiosité souvent bien faible des artistes et des organisateurs de concert » !
Florence Trocmé
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