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01/05/2020
Ingrid Tedeschi: Mémoire d’opéra: une chronique de l’Opéra de Toulon entre 1939 et 1945
Editions L’Harmattan – 236 pages – 24,50 euros
Inauguré en 1862, le magnifique Opéra de Toulon, œuvre des architectes Feuchère et Charpentier, reste un haut lieu de la culture de cette ville et de la Région Sud, Alpes, Côte d’Azur. Il perpétue avec une qualité sans cesse croissante, l’attachement indéfectible de cette ville à la musique, même pendant les chaos de l’Histoire.
S’aidant des archives municipales de la ville de Toulon, des archives départementales du Var, et des journaux de l’époque, Ingrid Tedeschi, professeure d’éducation musicale au Lycée Bonaparte et chargée de cours à l’Université de Toulon, se penche avec une minutie d’archéologue sur une période très courte, mais ô combien intéressante, de l'institution toulonnaise, celle de la Seconde Guerre mondiale.
Le lecteur est prévenu dès l’avant-propos : «le but de ce travail n’est pas une analyse de la programmation mais une reconstruction de la mémoire de l’Opéra de Toulon […] pour retrouver la trace des artistes qui ont fait sa réputation». Aussi ce livre foisonne-t-il de détails; il nous plonge dans une époque au cours de laquelle on aurait pu penser que le sabordage de la flotte en 1942, les bombardements, l’occupation par les troupes italiennes et allemandes, et les restrictions auraient pu entraver la programmation. Pas du tout. On y apprend que pendant ces six années, loin de faire relâche, la maison toulonnaise maintient une activité fébrile et polyvalente, avec le grand répertoire lyrique, mais également le ballet, le théâtre classique et le music-hall.
Les plus grands chanteurs, comédiens, danseurs, solistes français de l’époque s’y produisent: Georges Thill dans Louise et Werther, Géori Boué et José Luccioni dans Carmen, Michel Dens dans Madame Butterfly et Paillasse, Renée Doria dans Lakmé, Louis Jouvet dans L’Ecole des femmes, Gaby Morlay dans Le Maître des forges, Edith Piaf, Reda Caire, et bien d’autres encore. Les affiches sont alléchantes et le public, en quête de divertissement en cette période sombre, se presse. Inévitablement, certaines représentations sont réservées aux armées d’occupation, mais les archives restent muettes sur les artistes engagés pour ces occasions.
Ce Mémoire d’opéra s’adresse à un public soucieux de mieux connaître l’Opéra de Toulon pendant cette brève période de son histoire. On pourrait arguer que tout est dit dans les quatre pages de l’avant-propos, le reste du livre étant un catalogue chronologique des distributions un peu fastidieux. Si l’on se réjouit d’y lire de nombreux extraits de la presse locale, on aurait aimé plus d’illustrations, mais surtout un récit plus vivant, peut-être pimenté de quelques anecdotes qui n’auraient rien enlevé à la quête historique.
A lire, malgré la réserve ci-dessus qui n’entache pas l'indiscutable qualité de la démarche.
Christian Dalzon
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