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11/05/2013
Georg Philipp Telemann : Ouverture en sol majeur, TWV 32: 13 – Concerto en sol mineur, TWV 51: g1 (transcrit par Johann Sebastian Bach) – Fantasias (Première douzaine): I en ré majeur, TWV 33: 1, et II en ré mineur TWV 33: 2 – Fantaisies (Deuxième douzaine): I en do mineur, TWV 33: 13, et II en do majeur, TWV 33: 14 – Fantaisies (Troisième douzaine): IX en si mineur, TWV 33: 33, et X en ré majeur, TWV 33: 34 – Choralvorspiele: «Jesu meine Freude», TWV 31: 33 et TWV 31: 34
George Frideric Handel : Choral «Jesu meine Freude», HWV 480

Olivier Baumont (clavecin et clavicorde)
Enregistré en Normandie (9-11 mai 2012) et à la Cité de la musique, Paris (14 mai 2012) – 58’16
Loreley LYO 52 (distribué par Harmonia mundi) – Notice bilingue exemplaire (français et anglais) d’Olivier Baumont, Jean-Claude Battault et Eric de Visscher





Georg Philipp Telemann : Ouvertures en ré majeur, TWV 55: D15, en ré mineur, TWV 55: D3, et en si bémol majeur, TWV 55: B10
Zefiro, Alfredo Bernardini (hautbois et direction)
Enregistré au Théâtre Bibiena de Mantoue (2-5 mai 2010) – 73’30
Arcana A 371 (distribué par Outhere) – Notice trilingue (anglais, français et italien) de Steven Zohn





Georg Philipp Telemann : Cantates en mi mineur «Deine Toten werden leben», TWV 1: 213, en do mineur «Hemmet den Heifer, verbannet die Rache», TWV 1: 730, en la mineur «Du bist verflucht, O Schreckensstimme» TWV 1: 385, et en fa mineur «Also hat Gott die Welt geliebt», TWV 1: 168 – Partita n° 5 en mi mineur pour flûte à bec et basse continue, TWV 41: e1 – Sonate en trio en sol mineur pour deux flûtes à bec et basse continue, TWV 42: g8
Gemma Bertagnolli (soprano), Collegium Pro Musica, Stefano Bagliano (flûte à bec et direction)
Enregistré à Montevarchi (25-27 février 2012) – 56’37
Brilliant Classics 94334 – Notice en anglais





La longue vie de Georg Philipp Telemann (1681-1767) lui a permis de composer une œuvre à la fois immense du point de vue quantitatif et foisonnante quant aux genres et styles abordés. Les trois disques présentés ici en portent un nouveau témoignage.


Dans l’ouvrage qu’il a consacré à Telemann (dans la collection «Mélophiles» aux Editions Papillon), Gilles Cantagrel écrit que le goût pour une certaine diversité musicale est peut-être «l’une des raisons de son relatif manque d’intérêt pour la musique de clavier soliste, clavecin ou orgue». L’entreprise d’Olivier Baumont était-elle donc dès l’origine vouée à l’échec? Certes non puisque, même s’il est vrai que Telemann a beaucoup moins composé pour le clavier que certains de ses contemporains (à commencer bien évidemment par Bach ou Scarlatti), il n’en demeure pas moins qu’il a laissé plusieurs ouvrages de référence comme ces Six Ouvertures pour clavecin seul (1744) ou, surtout, ces Trente-six Fantaisies pour le clavecin en trois douzaines (1733).


Le présent disque s’intéresse notamment à ce dernier recueil, le deuxième rendant hommage à la France, les premier et troisième se tournant plutôt vers l’Italie; c’est dans ce matériau que puise la plus grande partie de ce récital, qui nous permet donc d’entendre des extraits de chacune de ces trois douzaines. On connaît bien le célèbre Allegro de la Fantaisie I en ré majeur, d’ailleurs ensuite repris dans le Da Capo, ainsi que le tout aussi agréable Presto de la Fantaisie II en ré mineur où s’instaure une sorte de chatoyante course-poursuite. Mais quelle découverte que, par exemple, ce «Gravement» inaugurant la Fantaisie II en do majeur, légèrement traînant, à moins que ce ne soit qu’une mélancolique rêverie. Outre ces extraits, le disque s’ouvre par un véritable scoop puisqu’Olivier Baumont enregistre ici en première mondiale l’Ouverture en sol majeur, dans un style typiquement français qui fait appel à la Courante et autres Bourrées.


Usant pour ce faire de cinq instruments différents selon la pièce à interpréter, Olivier Baumont offre ici un panorama de tout premier plan de ce que peut être la musique pour clavecin de Telemann. S’il fait référence à la gourmandise du compositeur dans sa musique de chambre, c’est surtout une impression de suprême élégance qui ressort de l’écoute de ce disque, à l’image de la statuette en porcelaine d’un petit marquis qui en illustre la couverture.


Si l’on se réfère toujours à l’ouvrage précité, Gilles Cantagrel rapporte les propos de l’homme de lettres et critique Johann Christoph Gottsched (1700-1766), qui estimait que Telemann «préfère toujours une diversité sonore plaisante à des tournures recherchées, même au prix de quelque artifice». C’est en tenant compte de ce trait de caractère qu’il faut aborder les œuvres orchestrales de Telemann et, notamment, ses Ouvertures qui, si elles commencent effectivement par une Ouverture proprement dite (généralement le mouvement le plus long), sont en réalité des suites de pièces qui rendent hommage à diverses formes de mouvements et de danses. Ainsi, dans l’Ouverture en ré majeur, on croise une «Harlequinade» ou une Loure, l’Ouverture en si bémol majeur comptant pour sa part un «Air, un peu viste» ainsi que deux Passepieds.


Les trois Ouvertures que l’on peut entendre ici témoignent de l’imagination de Telemann et de l’utilisation hors pair qu’il pouvait faire tant des cordes que des vents, en l’occurrence de trois hautbois et d’un basson. La dextérité des bois – magnifique Gigue où les sons projetés des hautbois concluent admirablement l’Ouverture en ré mineur – offre un parfait miroir à des cordes tout aussi véloces dans des échanges parfois effrénés (le «Hornpipe» de cette même Ouverture). Le hautboïste Alfredo Bernardini, dont on connaît les affinités avec ce compositeur (voir ici), emmène là les musiciens de l’orchestre baroque Zefiro sur des cimes que l’on gravit avec empressement tant on est séduit par ces contrastes de tempi (les «Comattans» et Passepieds de l’Ouverture en si bémol majeur) qu’il nous offre à chaque instant. Seule mais franche déception de ce disque, la Loure de la première Ouverture en ré majeur, beaucoup trop lente et pesante, finalement bien vite ennuyeuse.


Le troisième disque nous invite cette fois-ci à entendre certaines œuvres vocales de Telemann, en l’occurrence quatre cantates pour soprano et flûte à bec, les deux solistes étant accompagnés soit par un autre instrument soliste (dans la Cantate «Also hat Gott die Welt geliebt») soit par une simple basse continue. Même si la figure de Bach écrase le paysage en la matière, il convient de ne pas oublier que Telemann a composé près de 1400 cantates qui, en vérité, sont bien souvent des petites pièces où alternent récitatifs et airs: c’est le cas ici. Les œuvres que l’on peut entendre instaurent un dialogue assez virtuose entre la voix agréable de Gemma Bertagnolli et la flûte à bec, comme en témoigne le premier air de la Cantate «Deine Toten werden leben» ou celui de la Cantate «Hemmet den Heifer, verbannet die Rache», qui se caractérise par un tempo assez allant. La Partita en mi mineur est de peu d’intérêt, le deuxième mouvement rappelant vaguement la Deuxième Suite pour orchestre de Bach, l’ensemble paraissant néanmoins bien tiède à côté de ce que pouvait par exemple composer Vivaldi à la même époque pour la flûte à bec, tant du point de vue lyrique que strictement technique. Un disque pour ceux qui veulent vraiment découvrir un aspect encore méconnu de l’œuvre de Telemann mais finalement sans grand intérêt.


Le site d’Olivier Baumont
Le site de l’ensemble Zefiro
Le site de Gemma Bertagnolli
Le site du Collegium Pro Musica


Sébastien Gauthier

 

 

 

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