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09/29/2013
Richard Wagner : Tristan und Isolde

Gwyneth Jones (Isolde), René Kollo (Tristan), Hanna Schwarz (Brangäne), Robert Lloyd (König Marke), Gerd Feldhoff (Kurwenal), Peter Edelmann (Melot), Uwe Peper (Ein Hirte), Ivan Sardi (Ein Steuermann), Clemens Bieber (Ein junger Seemann), Chor der Deutschen Oper Berlin, Orchester der Deutschen Oper Berlin, Jiri Kout (direction), Shuji Fujii (réalisation)
Enregistré en concert au NHK Hall, Tokyo (24 et 29 septembre 1993) – 233’
Blu-ray Arthaus Musik 108 083 (ou DVD 102317) – Format 16:9 – Region code: 0 – Son: PCM stereo, DTS-HD Master Audio 5.1 – Notice de présentation en français, anglais et allemand – Sous-titres en français, anglais, allemand, italien, espagnol et coréen





Déjà publié sous étiquette TDK, ce Tristan capté il y a vingt ans lors d’une tournée japonaise du Deutsche Oper de Berlin est surtout l’occasion d’admirer – avec la qualité de l’image Blu-ray (qui rehausse la puissance des gros plans) – deux «monstres sacrés» du chant wagnérien.


René Kollo (né en 1937) est un Tristan à la voix mâle et à la solidité épatante. Son interprétation révèle pleinement ce qu’une technique de fer peut apporter à la longévité d’une voix sans moelleux particulier dans le timbre mais à la ligne de chant impeccable et au phrasé idéal. Par le souci de chanter sans s’essouffler ni de se réfugier dans le sprechgesang (sauf à la fin du dernier acte – qui pousse le ténor dans ses retranchements), l’émotion naît précisément de la sobriété de la déclamation, qui rend crédible la souffrance intérieure d’un être brisé. En Isolde (un rôle qu’elle chante alors depuis une dizaine d’années), Gwyneth Jones (née en 1936) présente, à l’inverse, une ligne de chant qui bouge dangereusement... et des intonations souvent fausses (notamment au deuxième acte – le moins convaincant). Mais si la voix est déjà usée, elle possède une présence immédiate – qui impose d’emblée un climat dramatique – et, quand elle vise juste, la soprano galloise décoche des aigus d’un métal tranchant comme une flûte – qui clouent l’auditeur à son fauteuil. Une incarnation scénique puissante, à défaut d’être vocalement adaptée.


En revanche, le reste est solide mais assez routinier – à commencer par la direction de Jiri Kout, qui n’a ni le génie ni la souplesse d’un Karl Böhm. La performance orchestrale ne séduit pas, non par manque de professionnalisme, mais en raison d’une prise de son qui ne permet pas d’en apprécier toute la finesse, les détails se perdant dans un spectre sonore trop étroit. Quant à la distribution des autres personnages, elle possède les qualités et les faiblesses des vieux routiers du Deutsche Oper: des seconds rôles convenables mais ordinaires (Peter Edelmann, Uwe Peper, Clemens Bieber, Ivan Sardi); un Kurwenal au timbre pâle et sans rondeur, par ailleurs assez gauche sur scène (Gerd Feldhoff); un Roi sans grandeur ni lyrisme (Robert Lloyd). Une exception de taille, néanmoins: la Brangäne de Hanna Schwarz – bête de scène possédée par le virus de l’amour, qui brûle les planches à la façon d’une Clytemnestre plutôt que d’une Chrysothemis, malgré une voix agile mais pas infaillible (y compris dans l’aigu des appels du deuxième acte).


Si elle mobilise des moyens modestes et n’est pas exempte de statisme, la mise en scène de Götz Friedrich est indéniablement efficace. Par quelques images fortes et une scénographie claire, elle donne du livret de Richard Wagner une lecture limpide et incontestable. A l’image du Prélude du premier acte, qui s’ouvre sur les cordées d’un bateau semblant figurer les fils des destins noués de Tristan et d’Isolde – lui, de dos, à la proue du navire, perdu dans des pensées lointaines et torturées; elle, de face, le regard hagard mais combattif, le corps brisé mais aimant. A l’image encore du décor du dernier acte, plongé dans le gris d’un bloc de granit dans lequel Tristan, longtemps immobile, semble emmuré dans la désespérance et l’oubli. Dommage que la pénombre dans laquelle Götz Friedrich plonge la scène – une pénombre omniprésente au deuxième acte – passe si mal le cap de la vidéo...


Gilles d’Heyres

 

 

 

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