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09/09/2013 Johann Sebastian Bach : Missa BWV 232 («Version» de 1733) Eugénie Warnier, Anna Reinhold (sopranos), Carlos Mena (alto), Emiliano Gonzalez Toro (ténor), Konstantin Wolff (basse), Pygmalion, Raphaël Pichon (direction)
Enregistré au Temple du Saint-Esprit, Paris (novembre 2011) – 51’
Alpha 188
Pourquoi ce titre mystérieux de Missa 1733 ? Parce qu’à cette date Jean-Sébastien Bach, Cantor de Saint-Thomas à Leipzig, adresse à l’attention du Prince Electeur de Saxe le manuscrit d’un Kyrie et d’un Gloria, donc une messe complète au sens luthérien du terme. Un envoi en forme de supplique qui n’obtiendra pas grand écho, ou du moins pas immédiatement.
Quinze ans plus tard seulement, Bach décide de réutiliser ce Kyrie et ce Gloria, de les associer à d’autres pièces de provenance diverses (emprunts à des cantates antérieures en particulier), puis d’ajouter quelques parties manquantes en vue de ce qui deviendra, mais l’appellation est posthume, la Messe en si mineur.
On ne trouvera donc sur ce CD que ce qui pourrait être considéré comme l’état tout initial de la Messe en si encore qu’en l’occurrence ce concept de version originale ne recouvre pas grand chose, puisqu’à l’oreille rien ne différencie ce Kyrie et ce Gloria des enregistrements habituels. Bach semble bien avoir repris les manuscrits d’origine sans y changer quoi que ce soit. Donc que trouve-t-on en définitive sur ce CD isolé ? Un demi-enregistrement de la Messe en si mineur, perspective un peu frustrante, mais qui s’explique mieux quand on sait que ce dernier volume vient achever une intégrale des messes luthériennes de Bach entreprise par ce même ensemble et que cette Missa 1733 se devait effectivement d’y figurer.
Dommage quand même que l’autre moitié d’un chef-d’œuvre de portée universelle ne nous soit pas accordée, ne serait-ce qu’à titre de bonus glissé dans l’emballage (!), car l’interprétation de l’ensemble Pygmalion est remarquablement vivante, colorée, ouvertement maniériste dans son soulignement opiniâtre des phrasés et des timbres. Les effectifs sont peu étoffés, les voix légères (voire trop légères : la basse pèse vraiment peu), la lisibilité des polyphonies impeccable... Ensuite, après le Cum sancto spiritum, l’entreprise tourne court. Mais il est vrai, qu’en 1733, tout s’arrêtait là.
Points de suspension, donc, et intérêt discographique malheureusement limité. Mais ces beaux moments de musique baroque roborative raviront les hédonistes.
Laurent Barthel
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