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04/14/2013
Franz Liszt : Les Préludes
Maurice Ravel : Concerto pour la main gauche
Johannes Brahms : Symphonie n° 1, opus 68
Robert Casadesus (piano), Wiener Symphoniker, Sergiu Celibidache (direction)
Enregistré en concert au Konzerthaus de Vienne (30 octobre 1952) – 84’05
Album de deux disques Orfeo C 788 122 B – Notice bilingue (allemand et allemand) de Gottfried Kraus et Lennart Schneck
Lorsque Sergiu Celibidache (1912-1996) donne ce concert au Konzerthaus de Vienne, le 30 octobre 1952, il est alors en totale rupture avec Wilhelm Furtwängler comme l’a minutieusement détaillé Klaus Lang dans un récent livre consacré à l’Orchestre philharmonique de Berlin au sortir de la Seconde Guerre mondiale. Alors qu’il pensait plus ou moins succéder au grand chef allemand à la tête des Berliner Philharmoniker, Furtwängler ne cesse de lui mettre des bâtons dans les roues et cette lutte conduira finalement le jeune Karajan à rafler la mise deux ans plus tard. Il est donc piquant de rapprocher le présent disque de celui dirigé par Furtwängler (lire ici), deux parutions récentes du catalogue Orfeo.
L’agencement classique du concert (œuvre orchestrale, concerto et symphonie) nous permet d’entendre un jeune chef fougueux comme certaines vidéos de l’époque savaient déjà nous le montrer, cheveux au vent et gestique débridée. La version qu’il livre des Préludes de Franz Liszt (1811-1886) allie assez idéalement finesse et emportements, Celibidache n’hésitant pas à déjà prendre quelques libertés avec les tempi, notamment dans des ralentis excessifs. Si le côté chevaleresque de la partition est parfois gommé au profit d’une vision plus martiale (notamment à partir de 15’15), cette vision n’en reste pas moins extrêmement convaincante et ne peut qu’emporter l’auditeur.
En 1952, le pianiste Robert Casadesus (1899-1972) s’était déjà fait connaître comme étant un spécialiste incontesté du Concerto pour la main gauche qu’il avait notamment joué à Amsterdam sous la baguette d’Eduard van Beinum en octobre 1946 (disque Music ans Arts) et, un an plus tard, à Philadelphie sous la direction d’Ormandy (disque Membran), Orfeo ayant par ailleurs publié la célèbre version donnée sous la direction de Mitropoulos (alors à la tête des Wiener Philharmoniker) au Festival de Salzbourg, le 28 août 1957. Incontestablement, il fait ici de nouveau preuve de ses affinités avec cette œuvre. Superbement soutenu par Celibidache (excellent orchestre avec, notamment, un contrebasson lugubre à souhait, des cuivres aux accents jazzy idoines), Casadesus dévoile à son tour un jeu empli de noirceur, également marqué par une simplicité du toucher et une mélancolie parfaitement appréciable. On soulignera de nouveau l’excellente prise de son, les micros étant idéalement placés et restituant avec une égale qualité les détails des solistes et l’atmosphère générale.
Quant à la Première Symphonie de Johannes Brahms (1833-1897), on ne s’étendra pas, celle-ci ayant été récemment critiquée dans nos colonnes (lire ici) lors de sa publication sous le label WS. On ne peut néanmoins que souscrire à la sensation de souffle qui avait alors été soulignée, version concluant ainsi un excellent concert qui mérite d’être connu au-delà des seuls admirateurs du chef roumain.
Sébastien Gauthier
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